Ces poteaux peuvent, dans leur chute, provoquer des pertes en vie humaine
Certains ouvrages en mauvais état restent longtemps sur place. Des accidents mortels surviennent souvent
Depuis quelques temps à Bamako, on assiste à des accidents causés par des poteaux électriques. La société Énergie du Mali (EDM-SA) a installé aux abords des routes et dans les quartiers de la ville des poteaux électriques. Certains sont en béton, d’autres en bois ou en métal. Mais, l’on s’interroge sur la capacité de résistance de certaines de ces installations qui sont pourtant indispensables à la desserte de la ville en électricité. Leur implantation devant les maisons constitue souvent une source d’inquiétude pour les populations riveraines. Ces poteaux peuvent, dans leur chute, provoquer des pertes en vies humaines et des dégâts matériels importants. Ils peuvent s’écrouler sur des maisons, sur des engins à deux ou quatre roues ou sur des individus de passage. La mort d’un jeune homme en septembre dernier au marché de Médine lorsqu’il était de passage, illustre parfaitement cette éventualité. «Avant que cet incident ne se produise, nous avions signalé, à maintes reprises, l’état défectueux du poteau aux agents de l’EDM pour qu’ils le réparent. Ils sont venus une seule fois pour voir l’état du poteau. Après on ne les a plus revus jusqu à ce que le poteau en question tombe sur le jeune homme qui était de passage», révèle Sékou Diarra, un vendeur de friperie, dont le magasin est situé non loin du lieu de l’accident. Ce jeune homme raconte que le poteau avait, auparavant, été percuté par un camion en septembre dernier. «Pendant plus d’un mois, on a tout fait pour qu’il ne tombe pas sur quelqu’un. On a appelé plusieurs fois l’EDM, en espérant qu’elle allait dépêcher des agents pour le remplacer. Mais rien n’a été fait» dit-il, indigné.
Notre interlocuteur suggère à la société nationale de l’électricité de procéder au contrôle de ses installations électriques, ne serait-ce qu’une fois chaque mois afin d’éviter de tels accidents dramatiques. Il faut souligner que ce n’est que plusieurs jours après la mort du jeune homme dont la nouvelle a fait le buzz sur les réseaux sociaux, que l’EDM a remplacé le poteau électrique en cause. Comme on le dit : «le médecin après la mort».
Cet incident n’est pas malheureusement un cas isolé. Au cours du même mois de septembre, un accident similaire s’est produit à Sébénikoro, non loin du commissariat de police du 9ème arrondissement, en Commune IV du District de Bamako. Dans ce quartier, Adama Keïta témoigne qu’un poteau en fer a été renversé par un camion benne. Le conducteur a voulu éviter des élèves qui traversaient la chaussée. «Tout cela s’est déroulé sous mes yeux. Il faut dire que ces poteaux datent de longtemps. Certains ne sont tenus que par des fils de fer. L’on trouvera même à travers la ville d’autres poteaux électriques qui sont mal implantés», s’inquiète-t-il. Aux dires d’Adama Keïta, jusque-là, le poteau défectueux n’a pas été remplacé.
Notre équipe de reportage a pu constater de visu la situation de plusieurs poteaux électriques dans d’autres quartiers de la capitale. Pendant que certains (surtout les poteaux métalliques) sont penchés, d’autres en béton présentent des fissures à travers lesquelles les fils électriques sont dangereusement exposés.
À la cité des 1008 Logements sociaux de Yirimadio, un poteau électrique situé près de la maison d’une artiste connue, et auquel sont fixés plusieurs fils ne tient plus sur ses «jambes». Les riverains ont été obligés de donner l’alerte sur les réseaux sociaux, en suppliant la société d’électricité de venir «sauver des vies». Un problème similaire est signalé aussi dans le quartier périphérique de Dialakorodji en Commune I, où la population était sur le point de se révolter contre EDM.
Pourquoi ces poteaux électriques ne sont pas remplacés à temps ? à la direction de l’EDM, un responsable s’est contenté de dire que la direction est en train de faire l’état de tous les poteaux défectueux dans la ville de Bamako dans le but de procéder à leur remplacement. Ce qui va, forcément, nécessiter des ressources importantes pour la société.
Fadi CISSÉ
Source L'Essor