Visite du médiateur au Mali : La Cedeao exhorte au dialogue pour une transition inclusive

Après avoir rencontré les parties prenantes, la délégation conduite par Goodluck Jonathan a noté des avancées dans la mise en œuvre de la Transition et formulé des propositions pour la réussite du processus

Le médiateur de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) dans la crise malienne a été reçu hier après-midi par le président de la Transition à la Villa des Hôtes. Goodluck Jonathan était venu faire le point à Bah N’Daw, de ses échanges avec les forces vives de la nation sur le processus de transition en cours dans notre pays.
à sa sortie d’audience, l’ancien président nigérian a rappelé que la Cedeao a joué un rôle d’intermédiation pour la mise en place de l’équipe de transition à la suite de la démission du président Ibrahim Boubacar Kéïta le 18 août 2020. Selon lui, l’équipe de transition a été mise en place suite à la réunion d’Accra qui s’est tenue le 15 septembre 2020. Et ce qu’il a appelé l’accord d’Accra a stipulé que la transition devrait durer 18 mois. « Ce vendredi 15 janvier nous fera quatre mois épuisés dans la période de transition. En tant que médiateur de la Cedeao, il nous a paru opportun de nous rendre au Mali pour voir depuis ce laps de temps, ce qui a pu être fait », a indiqué Goodluck Jonathan, ajoutant qu’il a discuté non seulement avec la classe politique mais également avec la société civile, les ONG, les leaders religieux pour savoir ce qui a été accompli jusque-là et ce qui peut être mieux fait.

«Ces échanges que nous avons eus avec les différentes parties de la société nous ont permis de collecter certaines informations et certaines données que nous avons exposées non seulement au Premier ministre, au vice-président, au président ainsi qu’au président du Conseil national de transition (CNT) », a souligné Goodluck Jonathan. En tant que médiateur de la Cedeao, dira-t-il, il est important qu’il vienne de temps en temps pour voir comment la situation avance. Et il n’y a pas lieu d’attendre une crise importante avant de venir. « C’est dans cette dynamique que nous nous inscrivons et nous espérons que si cette mouvance est maintenue, d’ici le début de l’année prochaine, les élections pourront être organisées et un gouvernement démocratiquement élu pourra prendre en main les affaires du pays », a espéré le médiateur de la Cedeao, tout en soulignant que c’est à cet objectif que travaillent de manière ardue, le président ainsi que les autres entités de la transition. Pour lui, c’est également ce qui intéresse non seulement les populations maliennes et les amis du Mali.

DES AVANCÉES- Avant d’être reçu par le chef de l’état, le vice-président de la transition et le président du CNT, Goodluck Jonathan a eu des échanges avec les acteurs politiques dans la nuit du lundi. Au cours de la rencontre, Tiébilé Dramé, président du Parti pour la renaissance nationale (Parena) a indiqué que la mission venait à point nommé pour évaluer les progrès accomplis et entendre les préoccupations et les inquiétudes que suscite la marche de la transition. Pour l’ancien chef de la diplomatie malienne, le temps n’est pas notre allié et il faut se concentrer, dans la concertation et le consensus, sur ce qui est désormais essentiel : la révision de la Constitution et la mise en place d’une autorité autonome chargée des élections. D’après Tiébilé Dramé, la Cedeao court le risque d’un échec au Mali si, à l’issue de la période transitoire en cours, il n’y a ni reformes, ni organe indépendant en charge des élections. Il a précisé que ces réformes sont parmi les principales résolutions des assises nationales de décembre 2019. Et elles correspondent aux aspirations de toutes les forces vives du pays, de l’écrasante majorité des partis politiques et de la société civile. « Réviser la Constitution par une commission consensuelle, mettre en place un organe indépendant de gestion des élections et respecter la durée de la transition fixée à Accra sont les gages de la stabilité politique du Mali», a insisté Tiébilé Dramé.

De son côté, Choguel Kokalla Maïga du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) a indiqué que depuis les évènements du 18 août 2020, ledit Mouvement n’a pas eu l’occasion d’exposer à la Cedeao, ses appréciations sur la conduite de la transition qu’il a, au stade actuel, synthétisées en quatre points principaux. D’abord, le leader du comité stratégique du M5-RFP trouve que l’engagement pris par les militaires d’instaurer une transition civile n’a pas été respecté. Aussi, le Mouvement pense que des menaces très fortes pèsent sur la tenue d’élections régulières, libres, transparentes et crédibles et qu’un processus non inclusif de révision de la Constitution est en cours. Il a dénoncé ensuite «l’inacceptable mise en place rampante d’un régime autocratique».
Dans son communiqué final, la mission de la Cedeao, à l’issue des différentes rencontres, dit avoir noté des avancées relatives à la mise en place des organes de la Transition et la nomination de tous les rersponsables de ces différents organes, à savoir le président, le vice-président, le Premier ministre et le président du Conseil national de transition. Elle a également pris note des efforts que le gouvernement déploie sur le plan sécuritaire malgré les défis importants qui restent à relever.

En outre, la mission de la Cedeao a encouragé le gouvernement à finaliser et communiquer sur une feuille de route, assortie d’un plan d’actions indiquant les différentes activités à réaliser tout en étant respectueux de la période de Transition fixée à 18 mois. Elle a insisté sur la nécessité de renforcer les concertations à travers un dialogue ouvert à l’ensemble des parties prenantes pour assurer un processus de transition inclusif. Cela permettra une plus grande appropriation interne des différentes décisions relatives à la Transition, en particulier l’élaboration des textes fondamentaux. Le processus devant déboucher sur des élections crédibles et transparentes, l’équipe de Goodluck Jonathan a encouragé les autorités à prendre en compte, dans la mesure du possible, les résolutions et recommandations issues du Dialogue national inclusif, notamment en matière de gestion des élections.Concernant le front social, la délégation a invité les autorités de la Transition et les acteurs sociaux au dialogue, afin d’arriver à des solutions qui préservent les intérêts du Mali. Par ailleurs, la mission s’est inquiétée des interpellations récentes liées à une tentative présumée de destabilisation et d’atteinte à la sûreté de l’État. Elle a invité au respect des procédures légales en vigueur en toute transparence, dans le respect des droits humains.

Dieudonné DIAMA
Oumar DIAKITÉ

Source L'Essor
 
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