Quatre mois après le début du processus, tous les organes ont été mis en place et sont fonctionnels. Les Maliens attendent des résultats
Le bureau du Conseil national de transition (CNT) est complet depuis le 31 décembre 2020. La composition des commissions générales de l’organe législatif de la Transition est connue. Ces évolutions dans la mise en place effective du CNT ont fait renaître l’espoir que le processus de transition est sur de bons rails et que les missions fixées pour la durée de 18 mois pourront être exécutées à la satisfaction de l’ensemble de nos compatriotes.
Les Maliens sont d’autant plus fondés à se réjouir de cette significative évolution qu’ils sont déjà éprouvés par les conséquences de la crise. Symbole supplémentaire pour eux d’un retour progressif à la normale, nos compatriotes étaient donc heureux d’assister à la mise en place du dernier organe de la transition. L’installation du CNT complète ainsi l’architecture des organes de la Transition après l’entrée en fonction du président, du vice-président, la nomination du Premier ministre et la formation du gouvernement.
Choisi par un collège de désignation mis en place par le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) le lundi 21 septembre 2020 comme président, c’est quatre jours après, le vendredi 25 que le colonel-major à la retraite Bah N’Daw prêta serment devant la Cour suprême au Centre international de conférences de Bamako. Désigné par le même procédé vice-président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, jusque-là premier responsable du CNSP, se prêtera le même jour à cet exercice républicain. Issue des journées de concertations nationales des 10, 11 et 12 septembre 2020, la Charte énonce que le président de la Transition remplit les fonctions de chef de l’État. Il veille au respect de la Constitution et de la Charte de la transition. Ses pouvoirs et prérogatives sont définis dans cette Charte et la Constitution du 25 février 1992. Son mandat prend fin après l’investiture du président issu de l’élection présidentielle. Le président de la Transition est secondé par un vice-président également désigné suivant les mêmes conditions que ce dernier. Le vice-président est chargé des questions de défense et de sécurité.
Signe de la volonté de permettre à la machine de la Transition d’atteindre rapidement sa vitesse de croisière, deux jours après son entrée en fonction, le chef de l’État a nommé, le dimanche 27 septembre, Moctar Ouane au poste de Premier ministre. Ce dernier dirigera un autre organe de la Transition qui exerce les prérogatives définies par la Charte et la Constitution du 25 février 1992. Prenant la juste mesure de l’urgence de la situation, le gouvernement de 25 membres formé par l’ancien ministre des Affaires étrangères le 5 octobre ne tardera pas à faire face aux priorités du moment. Contenus dans la lettre d’orientation du chef de l’État, ces chantiers tournent essentiellement autour de l’organisation des élections référendaire, présidentielle et législatives ; la lutte contre le terrorisme et le crime organisé ; la lutte contre la corruption. Au surplus, d’autres dossiers importants comme la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, la conduite des réformes institutionnelles et politiques sont sur la table du gouvernement. Autant de challenges dont la réussite est aussi liée à l’opérationnalisation d’un instrument de contrôle des actions de l’exécutif.
BONDS EN AVANT- D’où la nécessité de mettre en place le CNT dont l’une des missions consistera à veiller à l’orientation, au contrôle et au suivi-évaluation de la feuille de route de la Transition. Au demeurant, la signature le 9 novembre par le président Bah N’Daw des décrets fixant les modalités de désignation des membres du CNT et la clé de répartition du même organe augurait d’une mise en route du processus de transition. Réunis en séance inaugurale le samedi 5 décembre au CICB, les membres du CNT plébiscitent le colonel Malick Diaw, un autre ponte du CNSP, pour diriger l’organe.
Le constat de ces bonds en avant dans le processus de transition a amené le médiateur de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) dans la crise malienne, en visite dans notre pays la semaine dernière, à conclure sa mission sur une note globalement positive. La mission conduite par l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, à l’issue des différentes rencontres, a enregistré des avancées relatives à la mise en place des organes de la Transition et la nomination de tous les responsables de ces différents organes, à savoir le président, le vice-président, le Premier ministre et le président du Conseil national de la Transition. Elle a également pris note des efforts que le gouvernement déploie sur le plan sécuritaire malgré les défis importants qui restent à relever.
En outre, la mission de la Cedeao a encouragé le gouvernement à finaliser et communiquer sur une feuille de route, assortie d’un plan d’actions indiquant les différentes activités à réaliser tout en étant respectueux de la période de Transition fixée à 18 mois.
Malgré ce satisfecit, l’organisation communautaire veille à ce que le processus arrive à son terme sans accrocs. Ainsi, elle a insisté sur la nécessité de renforcer les concertations à travers un dialogue ouvert à l’ensemble des parties prenantes pour assurer un processus de transition inclusif. Cela permettra une plus grande appropriation interne des différentes décisions relatives à la Transition, en particulier l’élaboration des textes fondamentaux.
Le processus devant déboucher sur des élections crédibles et transparentes, l’équipe de Goodluck Jonathan a encouragé les autorités à prendre en compte, dans la mesure du possible, les résolutions et recommandations issues du Dialogue national inclusif, notamment en matière de gestion des élections.
Concernant le front social, la délégation a invité les autorités de la Transition et les acteurs sociaux au dialogue, afin d’arriver à des solutions qui préservent les intérêts du Mali. Par ailleurs, la mission s’est inquiétée des interpellations récentes liées à une tentative présumée de déstabilisation et d’atteinte à la sureté de l’État. Elle a invité au respect des procédures légales en vigueur en toute transparence, dans le respect des droits humains.
Gageons que les indications que donneront les chefs d’État et de gouvernement de l’organisation sous-régionale à l’issue de leur sommet annoncé pour le 23 janvier conforteront les acquis afin que le processus du retour à l’ordre constitutionnel normal arrive bien à son terme.
Massa SIDIBÉ
Source L'Essor