Plan d’Action du gouvernement : la recette du PM pour l’exercice 2025-2026 

Le Premier ministre, le général de Division Abdoulaye MAIGA, a présenté, ce vendredi 16 mai 2025, le Plan d’Action du gouvernement (2025-2026) au Conseil national de la transition. Un Plan d’Action bâti, selon lui, autour des 8 axes de la lettre de cadrage du Général d’Armée Assimi GOITA, Président de la Transition, Chef de l’État, adressée au Gouvernement lors du Conseil des Ministres inaugural du 27 novembre 2024, à savoir : le renforcement de la défense et de la sécurité ; les réformes politiques et institutionnelles ; la satisfaction des besoins fondamentaux de la population ; l’amélioration de la carte sanitaire ; l’amélioration du système éducatif ; l’apaisement du climat social ; le renforcement de notre diplomatie ; la création de conditions pour des élections transparentes et apaisées.

Traitant les préoccupations légitimes du peuple, exprimées lors des grandes concertations des forces vives de la Nation, ce Plan d’Action du Gouvernement découle des orientations des documents stratégiques, tels que la feuille de route de la Transition, les recommandations issues des Assises nationales de la Refondation, le Dialogue inter-Maliens, la Vision « Mali Kura ɲɛtaasira ka bɛn san 2063 ma » et la Stratégie Nationale pour l’Émergence et le Développement Durable : SNEDD 2024-2033.
De la sécurité, qui constitue l’AXE 1 de ce Plan d’Action, à la création des conditions pour l’organisation d’élections transparentes et apaisées, en passant par le développement socioéconomique, le Premier ministre, chef du gouvernement, apporte un plan de réponses aux préoccupations majeures du peuple malien.
De la lecture du document, le Plan d’Action du gouvernement se présente sans aucune ambiguïté, comme un référentiel solide traçant les voies et moyens pour un développement endogène durable au Mali.
Parmi les questions traitées, on note, entre autres, que la défense et la sécurité s’érigent au premier plan des priorités du Gouvernement. Malgré les nombreux exploits des Forces Armées maliennes sur le terrain, le chef du gouvernement prévoit une poursuite des efforts dans le cadre de la consolidation des acquis, le maillage territorial et le renforcement de la capacité opérationnelle des FAMa. « Pour soutenir les actions salvatrices de nos vaillantes forces de défense et de sécurité, il sera procédé à l’acquisition de nouveaux matériels et équipements majeurs, la construction de camps militaires, notamment à Bougouni, Koutiala, San, Kita, Diéma et Nioro du Sahel, ainsi qu’à la construction d’un mémorial pour immortaliser nos héros tombés sur le théâtre d’opération. La construction et l’équipement de l’hôpital militaire de Banakoroni, le recrutement et la formation de 15 000 hommes supplémentaires, ainsi que la mise en place à travers l’opération « dougoukoloko » de plateformes opérationnelles », a-t-il indiqué.
Même dynamique dans le cadre de la sécurisation des axes routiers pour faciliter la libre circulation des personnes et de leurs biens, avec l’organisation de patrouilles de grande envergure sur tout le territoire national et le recrutement de 9 000 agents des forces de sécurité.
Parallèlement aux succès militaires sur le terrain, le Premier ministre ne rejette pas l’idée de dialogues inter- et intracommunautaires. Pour lui, la crise multidimensionnelle que vit le Mali a fortement ébranlé les différentes composantes de la société. Ayant affecté le tissu social, provoqué des affrontements entre des communautés ayant toujours vécu en harmonie, et entraîné des déplacements massifs de populations, le Premier ministre entend recoudre le tissu social à travers l’organisation de dialogues inter- et intracommunautaires, la réinsertion socio-économique de 600 jeunes des zones impactées par les conflits, la poursuite du processus d’intégration de 34 000 ex-combattants, l’aménagement de lieux de mémoire et l’assistance de 2 000 victimes des violations graves des droits de l’homme.
Toujours dans le cadre de la consolidation du climat social, le Gouvernement prévoit dans les perspectives l’opérationnalisation du Conseil National du Dialogue Social (CNDS), la dynamisation de 200 cadres de dialogue, aussi bien dans les administrations publiques que dans les entreprises privées, et la poursuite de la mise en œuvre de 60 accords syndicaux non éteints.
De l’analyse des causes de cette crise que vit le Mali depuis plus d’une décennie, après l’insécurité, est cité également comme facteur déclencheur la vétusté du système de gouvernance par rapport à l’évolution du temps et des attentes du peuple. Face donc aux menaces qui pèsent sur l’existence même de la nation malienne, le président de la Transition, le Général d’Armée Assimi GOITA, a engagé un processus de refondation, avec en toile de fond les réformes politiques et institutionnelles, en vue d’instaurer, selon les termes du Premier ministre, « une gouvernance vertueuse, de bâtir des institutions légitimes et de construire l’homme malien de type nouveau incarnant les valeurs républicaines ».
Dans le cadre de la mise en œuvre de cette volonté, le Premier ministre, dans son plan d’action, a mis l’accent sur l’opérationnalisation du Système Intégré de Gestion des Ressources Humaines de l’État et des collectivités territoriales (SIGRH) qui, selon lui, permettra à l’État du Mali de disposer d’un fichier unifié et d’avoir une plus grande « maîtrise des effectifs et de la masse salariale des fonctions publiques ». De fil en aiguille, ce point permet de faire un saut dans le vaste chantier de lutte contre la corruption. Dans son Plan d’Action 2025-2026, le général de Division Abdoulaye se montre intransigeant. « Les dossiers transmis par les structures de contrôle, dans le cadre de la lutte contre la corruption et les atteintes aux biens publics, seront instruits systématiquement et des enquêtes seront diligentées », a-t-il indiqué tout en promettant que le Gouvernement mettra tout en œuvre, en tout cas, sur la période de mise en œuvre du Plan d’Action 2025-2026, pour empêcher la dilapidation des ressources et maîtriser le niveau d’endettement du Mali.
Dans le cadre de l’assainissement de l’écosystème public et la formation d’un citoyen malien nouveau, après la classe politique, le Premier ministre a annoncé qu’il sera procédé également à la relecture de la loi régissant les associations et à la définition des conditions d’exercice de la mission de veille citoyenne par les organisations de la société civile.

La refondation de l’État ne se résume pas aux réformes politiques et institutionnelles. Il s’agit également de l’amélioration des conditions de vie des populations. C’est pourquoi, dans son Plan d’Action, le Premier ministre a mis le doigt sur l’épineuse question du chômage et du sous-emploi. Tout en rappelant que l’État n’est pas le seul pourvoyeur d’emplois, le général de Division Abdoulaye MAIGA entend jouer toute sa partition dans la création de conditions nécessaires pour améliorer l’employabilité de la jeunesse, qui constitue l’avenir de toute nation. « Ainsi, sur la période du Plan d’Action 2025-2026, 5 000 jeunes bénéficieront de stages de formation professionnelle et 1 200 jeunes de stages de qualification. 4 160 projets crédibles seront renforcés. 269 emplois seront consolidés en faveur des personnes en situation de handicap. Un symposium sur l’accroissement des opportunités d’emploi sera organisé ainsi que 15 390 journées de travail dans le cadre des activités à haute intensité de main-d’œuvre », a-t-il entre autres énuméré.
Face à la cherté de la vie due à la flambée des prix des produits de première nécessité et aux difficultés de leur accès, des mesures fortes sont prévues pour soulager la population. Selon le Premier ministre, le Gouvernement compte faire de la souveraineté alimentaire une réalité, en mettant en phase les politiques agricoles et commerciales avec les attentes des citoyens. D’abord, il veut constituer des réserves stratégiques alimentaires de près de 84 000 tonnes.
Dans le cadre de l’approvisionnement régulier du pays en produits de première nécessité, le Gouvernement entend importer un contingent de 300 000 tonnes de riz, 200 000 tonnes de sucre et 30 000 tonnes de graines de coton.
En plus de l’équipement de 380 exploitants agricoles en tracteurs, motoculteurs et motopompes, le Gouvernement entend mettre à la disposition des exploitants agricoles près de 261 406 tonnes d’intrants agricoles de qualité et 28 400 tonnes de semences améliorées afin d’atteindre une production d’environ 11 millions de tonnes, toutes céréales confondues, pendant la campagne agricole 2025-2026. En plus de cela, une distribution alimentaire gratuite de 17 666 tonnes de céréales sera effectuée au niveau de 1 115 000 personnes vulnérables.
Dans un contexte marqué par de fortes inondations l’année dernière, le chef du Gouvernement a également prévu, parallèlement à leur gestion, plusieurs mesures dans son Plan d’Action, notamment des campagnes de sensibilisation pour éviter l’occupation des berges et des lits des cours d’eau, ainsi que l’obstruction des caniveaux.
Même dynamique dans le domaine de la santé et de l’éducation. Des efforts importants sont également prévus pour l’amélioration du plateau technique des structures de santé, avec notamment l’acquisition de matériels et d’équipements modernes, la construction de centres de santé, ainsi que le renforcement des dispositifs de prise en charge des patients et du contrôle sanitaire. Parallèlement, les établissements d’enseignement seront eux aussi renforcés.
« Il sera mis en place 7 cliniques modulaires, un laboratoire médical de type P2, 3 centrales de production d’oxygène, des incinérateurs dans des CSCOM de 102 communes, un gamma camera et des systèmes solaires pour le fonctionnement des Genxper », a-t-il indiqué, tout en annonçant également la construction et l’équipement de 85 écoles fondamentales et de 11 lycées, dont 2 d’excellence. Par ailleurs, il précise que le Gouvernement veillera au contrôle de la qualité dans les établissements d’enseignement privé, à travers l’évaluation de 1 144 d’entre eux.
Parmi les nombreux sujets présentés par le chef du Gouvernement figure également l’épineuse question de l’énergie. Selon le Premier ministre, les efforts entrepris dans le secteur énergétique, qui ont permis d’enregistrer une nette amélioration de la fourniture d’électricité, vont se poursuivre par l’accroissement des capacités de production et de distribution en énergie et en eau potable.
Toujours dans le souci d’améliorer la fourniture d’électricité, le Premier ministre a annoncé la construction de 4 centrales solaires photovoltaïques et hydroélectriques sur le réseau interconnecté, la réalisation de 2 588 km de lignes de transport et 1 378 km de lignes de distribution d’électricité. Ainsi, le nombre d’heures de fourniture d’électricité passera de 6 à 19 heures par jour.
Autant de questions pour lesquelles le Premier ministre a sollicité l’approbation du CNT lors de la prochaine séance consacrée aux débats. Car, selon lui, quel que soit la pertinence d’un plan, aucune réussite ne sera possible dans la haine destructrice et la division.

Issa Djiguiba

 

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