Au Centre international de conférences de Bamako (CICB), les travaux de l’Atelier technique sur le renforcement de la communication gouvernementale vont se poursuivre jusqu’à ce soir avec les acteurs des médias publics et privés ou fins connaisseurs de la communication. Pour une communication gouvernementale harmonieuse et efficace, ces experts évoquent « des insuffisances, des fautes professionnelles », et soulignent le manque de moyens (matériels de travail, ressources humaines de qualité et instabilité de chargés de mission). Mais en ce qui concerne les chargés de mission, ils proposent notamment de créer un lien entre les médias publics et les différents départements ministériels pour une diffusion coordonnée des messages des autorités.
Cet atelier a pour objectif de renforcer la collaboration entre tous les acteurs gouvernementaux afin de mieux coordonner la communication gouvernementale, dans un contexte marqué par la guerre informationnelle.
L’initiative est bonne, mais la communication n’est pas seulement de faire des photos et des banderoles, s’extase la chargée de communication au ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille (MPFEF), Sadio Kanté
« La communication, c’est toute une stratégie, c’est vraiment d’accompagner le Gouvernement, de faire passer le message et de soutenir les politiques phares du Gouvernement », rappelle Sadio Kanté.
Les médias publics sont les piliers de la communication gouvernementale, même si la demande est toujours forte
Les structures publiques évoquent des difficultés comme le manque de matériels, faute de moyens, même si des efforts ont été consentis par des autorités de la Transition. Il s’agit de l’ORTM, de la DIRPA, de l’ANCD et de l’AMAP. Dans son exposé, le Directeur Général de l’ORTM, Hassane Baba Diombélé, a mis l’accent sur le rôle et la place de sa structure dans la communication gouvernementale, qui selon lui, nécessite un renforcement malgré des efforts du Gouvernement.
« Aujourd’hui, nous sommes un ensemble de médias avec deux télévisions (ORTM1 et ORTM2). Nous avons la Radio nationale qui dessert l’ensemble du territoire à travers ses stations régionales et la Chaîne 2 qui couvre le district de Bamako. Grâce aux efforts des autorités, l’ORTM est présent partout au Mali, y compris dans les nouvelles régions. À ce niveau, il y a une volonté affichée de permettre à la population de comprendre les actions du Gouvernement », reconnaît le DG de l’ORTM, rappelant que : « nous sommes à la disposition de 22 millions des Maliens. À ce niveau aussi, les moyens dont nous disposons bien évidemment font souvent que des gens ne sont pas satisfaits, et c’est compréhensible ».
Pour Hassane Baba Diombélé, il faut créer un lien avec les chargés de mission des différents départements ministériels pour faciliter la diffusion des messages au niveau des autorités. « On est des médias publics, normalement il devrait avoir un plan de communication bien élaboré entre chaque département ministériel et nous. Mais aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Très souvent, on est sollicités en urgence par des appels pour telle ou telle situation, cela ne facilite pas le travail », ajoute M. Diomblélé.
Cette collaboration proposée existe déjà entre la DIRPA et les médias publics et privés du Mali
Le Directeur de la DIRPA, Colonel-Major Souleymane Dembélé, a pour sa part évoqué, le lien qui existe entre sa Direction et les médias dans la lutte contre le terrorisme pour assurer la bonne information sur les opérations que mènent les Forces armées maliennes (FAMa). « Oui, la DIRPA a réussi à établir ce lien de collaboration avec les médias. Nous avons initié une rencontre mensuelle avec les médias pour leur donner la bonne information des FAMa afin que les Maliens puissent connaître les succès de leur vaillante Armée nationale. C’est devant cette situation que le peuple malien a dû comprendre que nos Forces sont en train de mener un travail extraordinaire sur le terrain », explique le Directeur de la DIRPA.
Quant à la Directrice de l’ANCD et au Directeur Général de l’AMAP, ils ont de leurs côtés rappelé le rôle et la place de leurs structures respectives dans la communication gouvernementale. Mais toutefois, ils soulignent la faiblesse des moyens mis à leur disposition pour faire face aux défis du moment. Ces différents exposés ont donc permis aux participants de mieux comprendre l’apport de ces services dans le renforcement de la communication gouvernementale, même si des défis restent à relever.
« Il faut une proactivité dans la communication gouvernementale », propose le panéliste Abdelkader Sanankoua
L’autre thématique abordée est relative à l’« évaluation de la communication gouvernementale » et l’« évaluation et réforme de la Fonction du chargé de communication : défis et perspectives ». Ces thématiques ont été développées par deux panélistes. Selon le 1er panéliste Abdelkader Sanankoua, des préalables s’imposent : « d’abord, on a demandé ce qui est une proactivité dans la communication gouvernementale. Il ne faut pas attendre que des actions se passent et que des gens fassent la désinformation et venir faire du rattrapage. C’est une très mauvaise chose, et c’est très mal perçu par la population. Donc, il faut être proactif », avant de constater qu’au niveau des chargés de communication, il y a une instabilité des postes. « Très souvent, les chargés de communication viennent avec des ministres et repartent avec les mêmes ministres. Donc, il y aura toujours une perturbation au sein de l’administration, alors qu’un chargé de communication doit normalement avoir un bureau de presse à son niveau ».
Concernant : « le rôle et responsabilité des ministres et chargés de communication », cette thématique a été développée par Dr. Sidiki N’Fa Konaté, ancien DG de l’ORTM et ancien ministre de la Communication
Il a notamment défini le concept, retracé l’histoire de la communication gouvernementale et évoqué des principes pour faciliter la compréhension aux participants eux-mêmes pour la plupart chargés de communication. Son intervention a été suivie par des propositions de solutions et de plaidoyer en faveur d’une communication gouvernementale cohérente et efficiente. « Pour qu’un ministre apprécie le travail d’un conseiller, il faudrait que lui-même, il connaisse au moins les fondamentaux de la communication. Quand on dirige une équipe, on doit savoir les éléments de base en la matière pour mieux orienter les uns et les autres dans leurs rôles », a fait savoir le Dr. Sidiki N’Fa Konaté.
Pour lui, les huit axes de la Lettre de cadrage du Président de la République, plus les trois conditionnalités, devraient faire l’objet d’un plan de communication stratégique. Lui-même explique : « un plan de communication stratégique n’est pas forcément une stratégie de communication, mais il intègre les deux. Le plan de communication stratégique se fonde sur la politique générale de l’institution ou de l’entreprise. On planifie et on fait accompagner chaque activité par des stratégies avec des objectifs bien précis. Il y a au moins 08 tableaux qu’il faut remplir lorsqu’on s’engagera dans ce genre d’exercice », prévient Dr. Sidiki N’Fa Konaté.
Pour rappel, les travaux de ce Séminaire gouvernemental prendront fin aujourd’hui (jeudi 06 mars 2025) au Centre international de conférences de Bamako (CICB).
Hamissa Konaté