Il initiait des patrouilles nocturnes au cours desquelles il exigeait à ceux qui se faisaient prendre de payer des contraventions. Et il faisait toutes ses opérations avec des objets volés dans le commissariat de police
Le chef de la brigade de recherche du commissariat de police du 1er arrondissement de Kayes, le capitaine Adama Coulibaly, et ses éléments ont mis la main sur un enseignant qui détenait dans sa maison des tenues de policier et d’autres objets appartenant à la police. Il s’agit principalement des tenues qui appartiennent au commissaire principal du commissariat de police du 2è arrondissement de Kayes, situé à Kayes N’Di.
Tout est parti de l’exploitation des résultats d’une réquisition concernant un téléphone volé survenue le 9 juin 2020.
Lors de son interrogatoire, le suspect identifié comme un certain M. D a expliqué aux officiers de police judiciaire (OPJ) qu’il se faisait passer pour un policier. De ce fait, il portait la tenue et les galons du commissaire pour initier des patrouilles dans le quartier de Kayes N’Di dans le but de soutirer de l’argent à ses victimes ou de les déposséder de leurs biens des téléphones portables surtout.
Frustrés par cette attitude de ce faux policier, certains habitants n’ont pas hésité à faire des déclarations de vol de leurs appareils téléphoniques au commissariat de police du 1er arrondissement de Kayes que dirige le commissaire Salim Cissé.
Le pot aux roses a été découvert lorsque la brigade de recherche (BR) du-dit commissariat a enregistré des déclarations de vol de téléphone de deux victimes.
Selon ces plaignants, M.D faisait seul sa patrouille à moto. Sa stratégie était simple. à certaines de ses victimes il demandait leurs pièces d’identité et des motos à d’autres. Et si par malheur une de ces pièces demandées arrivait à manquer, le vrai faux policier ne se faisait point prier pour demander à ses victimes de payer la contravention. Pour couper court à toute suspicion, ce malfrat intimidait ses victimes en leur faisant croire que l’équipe de patrouilleurs n’était pas loin. Puis dans le feu de l’action, il s’éclipsait dans la nature laissant ses victimes sans voix.
à la suite de ces plaintes, les éléments de la brigade de recherche ont mené une enquête le 9 juin 2020. C’est ce qui les a permis de dénicher MD. Lors d’une perquisition à son domicile, le capitaine Adama Coulibaly et ses éléments de l’unité de recherche ont récupéré une tenue de policier, un insigne et une paire de galons du commissaire principal. Mais, le malfrat a indiqué aux limiers qu’il a retiré ces tenues et équipements à un enfant lors du pillage du commissariat de police du 2è arrondissement de Kayes survenu le 12 mai dernier.
D’après le capitaine de police Adama Coulibaly, l’épouse du suspect aurait pris les affaires de son mari pour les dissimuler quelque part dans la ville, loin des regards indiscrets. Tombée dans le piège que lui ont tendu les éléments de la BR, cette dame a fini par cracher le morceau en avouant tout le forfait commis par son mari. Elle a déclaré aux policiers que parmi les affaires de son conjoint, figuraient un réfrigérateur, un colis contenant une chandiane, un pull-over, une jacket, un rideau, un écran d’ordinateur bureautique, 4 clés USB et une somme de 4 900 Fcfa.
Le « faux policier » a été déféré au parquet et mis sous mandat de dépôt le 11 juin pour « pillage, vol, incendie volontaire ». Ensuite, ce commissariat de police a établi un autre procès-verbal à son encontre pour usurpation de titre. Il va méditer sur son sort après avoir causé du tort à des policiers, de surcroît le commissaire de police qu’il fréquentait pourtant très régulièrement, selon nos sources.
Après le saccage et l’incendie du commissariat de police du 2ème arrondissement de Kayes survenu au lendemain du décès du jeune Seyba Tamboura, les manifestants ont pris tous les matériels importants dont des tenues, des armes, des minutions, des téléphones portables, des documents. Ces manifestations ont plongé les policiers de ce commissariat dans une situation précaire car, ils ont aussi perdu certains de leurs biens personnels (habillement, chaussures, fauteuils, documents personnels, etc.).
Après ces incidents, le commissaire de police et ses éléments ont installé leur quartier général dans les locaux du poste de police des logements sociaux. Les bureaux étant insuffisant, pour le personnel, souvent, ces agents travaillent dans la cour, sous l’ombre des arbres.
Les appels lancés par des autorités pour la remise de ces objets volés sont tombés dans l’oreille de sourd. Car, beaucoup d’objets appartenant aux policiers du commissariat de police du 2è arrondissement de Kayes demeurent introuvables, laissant champ libre à l’insécurité.
Certains habitants de Kayes N’Di, des logements sociaux et de Soutoucoulé ne dorment plus que d’un seul œil. Ils sont souvent victimes d’actes criminels, dont le vol, le braquage. Sans compter les coups de feux sporadiques çà et là et des odeurs de gaz lacrymogène dans la zone des logements sociaux et environnants.
Pour sécuriser les populations et lutter contre la délinquance juvénile, les forces de sécurité et l’Office central de lutte contre les stupéfiants et le commissariat de police du 1er arrondissement s’activent à dénicher les bandits et récupérer les objets volés.
Âgé de 35 ans, ce « vrai faux commissaire de police » enseigne dans une école privée de Kayes dans le quartier de Bencounda.
Bandé M.SISSOKO
Source: L'Essor