Vainqueur 2-1 de la Namibie, mardi dernier à Windhoek, la sélection nationale a validé son ticket pour la phase finale de la prochaine CAN qui se déroulera en 2022 au Cameroun. Cette qualification est intervenue quelques jours après le décès de l’ancien président Amadou Toumani Touré «ATT», en Turquie à l’âge de 72 ans
L’histoire semble se répéter. Le 17 novembre 2018, le Mali battait le Gabon (1-0), au stade de l’Amitié sino-gabonaise, à Libreville, grâce à une réalisation de Moussa Doumbia (11è min) pour se qualifier à la CAN, Égypte 2019, à une journée de la fin des éliminatoires. Un an, jour pour jour, c’est-à-dire le 17 novembre 2020, le Mali a remis ça, en battant, cette fois, la Namibie (2-1), au stade Sam Nujoma de Windhoek pour composter son ticket pour la phase finale de la CAN, Cameroun 2022 et ce, à deux journées de la fin des éliminatoires.
Et comme en 2019, l’ailier gauche Moussa Doumbia a été l’un des grands artisans de la qualification de la sélection nationale, faisant trembler les filets namibiens peu après la demi-heure (37è minute). Auparavant, Sékou Koïta avait tracé la voie du succès des Aigles, en marquant après seulement 12 minutes de jeu. Au match aller, disputé 72h plus tôt au stade du 26 Mars, les protégés du sélectionneur national Mohamed Magassouba s’étaient imposés par la plus petite des marges grâce à une réalisation d’El Bilal Touré (33è minute sur penalty).
Ce succès étriqué et surtout le contenu du jeu produit ce jour par le capitaine Hamari Traoré et ses coéquipiers avaient laissé les supporters sur leur faim et suscité des appréhensions dans la perspective du match retour. En clair, les inconditionnels attendaient un sursaut d’orgueil des Aigles, surtout que les hommes du technicien Magassouba avaient la possibilité de se qualifier au terme de la double confrontation avec les Warriors namibiens (surnom de la sélection namibienne, ndlr). Il y avait donc un double défi à relever pour le capitaine Hamari Traoré et ses coéquipiers : gagner à Windhoek et montrer un visage meilleur à celui de la manche aller.
Après la courte victoire du premier acte, les joueurs avaient eux-mêmes admis avoir quelque peu déjoué au stade du 26 Mars, avant de promettre un rachat à Windhoek. Les hommes du technicien Magassouba ont répondu présents : non seulement ils ont gagné en marquant deux buts, mais l’équipe a également produit un football nettement meilleur à celui qu’elle avait montré au stade du 26 Mars. Le mérite en revient d’abord aux joueurs qui ont tout donné sur la pelouse, mais aussi, au sélectionneur national qui a fait des choix forts et judicieux, en intégrant cinq nouveaux joueurs par rapport à son onze de départ de la manche aller. Pour cette rencontre retour, la sélection nationale a voyagé dans un avion spécial affrété par le gouvernement à travers le ministère de la Jeunesse et des Sports. Arrivés à hôtel Hilton lundi à minuit, le sélectionneur national, Mohamed Magassouba et ses hommes ont effectué une séance vidéo dans la journée.
L’occasion pour le technicien Magassouba de pointer du doigt les erreurs commises lors de la manche aller, d’une part et d’autre part, analyser les forces et les faiblesses de la sélection namibienne. Quelques heures plus tard, l’équipe effectuera la traditionnelle reconnaissance de terrain. Les séances semblaient banales, mais elles ont été tactiques. Les comportements défensifs, offensifs, le jeu rapide, l’application devant les buts ont été travaillés lors de ces séances.
Quelques heures avant le coup d’envoi de la rencontre, coup dur pour la délégation malienne : huit personnes, dont cinq joueurs ont été testées positives à la Covid-19.
Les cinq joueurs avaient pour noms : le gardien de but Adama Keïta, les défenseurs Charles Traoré, Mamadou Fofana, les ailiers Adama Traoré «Malouda» et Lucien Zohi. Interrogé, le sélectionneur national a indiqué qu’il avait prévenu les joueurs des changements qu’il avait décidés d’opérer pour la manche retour. Ainsi, le gardien Djigui Diarra, le défenseur central Mamadou Fofana, les milieux de terrain Diadié Samassékou et Amadou Haïdara et l’attaquant Moussa Djénépo (les deux derniers ont déclaré forfait) ont été remplacés, respectivement par Ibrahim Bosso Mounkoro, Falaye Sacko, Sékou Koïta, Mohamed Camara et Aliou Dieng.
À l’instar du reste de l’équipe, les cinq nouveaux éléments ont réalisé une belle prestation et contribué de manière significative au succès 2-1 des Aigles. Ce score est même flatteur pour les Namibiens qui auraient pu prendre une valise de buts, si les El Bilal Touré (un penalty raté), Moussa Doumbia, Aliou Dieng, Kalifa Coulibaly pour ne citer que ces quelques noms, n’avaient péché dans la finition.
Le capitaine Hamari Traoré et ses partenaires ont dominé la rencontre de bout en bout et monopolisé le ballon pendant plus de trois quarts d’heure du match. L’équipe a impressionné par son mouvement, les attaques rapides et son jeu alors que les Warriors namibiens ont passé tout le temps à courir derrière le ballon. Dès la 9è minute de jeu, les hommes de Mohamed Magassouba ont déclenché les hostilités, avec cette tentative d’El Bilal Touré repoussée en corner par le gardien namibien Virgil Vries (9è min).
Mais le dernier rempart des Warriors ne pourra rien faire face à Sékou Koïta, bien servi par Hamari Traoré et dont la frappe à l’entrée de la surface de réparation terminera sa course au fond des filets (12è min). Peu après la demi-heure, El Bilal Touré lance Moussa Doumbia qui prend son vis-à-vis de vitesse avant de marquer au premier poteau (2-0, 37è min). Deux minutes plus tard, la Namibie réduira le score grâce à Elmo Kambindu, qui profitait ainsi d’une sortie mal maîtrisée du gardien des Aigles, Ibrahim Bosso Mounkoro (2-1, 39è min).
En deuxième période, Absalom Iimbondi obtient l’occasion de remettre les pendules à l’heure mais le capitaine Hamari Traoré veillait au grain (50è min). Les Aigles répliquent par El Bilal Touré qui se joue de deux défenseurs namibiens mais ne parvient pas à cadrer (54è min). Peu avant l’heure de jeu, Moussa Doumbia obtient un penalty, mais El Bilal Touré perd son face à face avec Virgil Vries qui repousse le tir (59è min).
UNE QUALIFICATION DÉDIÉE À ATT- Cette victoire propulse le Mali (10 points) à la tête du groupe A, devant la Guinée (8 points), auteure d’un match nul à Ndjamena contre le Tchad (1-1) et la Namibie (3 points). À deux journées de la fin des éliminatoires, les Aigles sont sûrs de terminer à l’une des deux places qualificatives pour la CAN, Cameroun 2022. La Namibie (3 points) reste dans la course, mais ne dispose qu’une chance minime. En effet, pour se qualifier, les Namibiens doivent gagner les deux journées restantes contre le Tchad à l’extérieur et la Guinée, à domicile et en même temps compter sur deux défaites de la Guinée qui affrontera le Mali lors de la prochaine journée. Quant au Tchad, il est déjà éliminé et les deux journées restantes ne seront qu’une simple formalité pour les Sao (surnom de la sélection tchadienne, ndlr).
À la fin de la rencontre contre les Namibiens, les membres de la délégation malienne (joueurs, staff technique, responsables de la Fédération malienne de football) ont chanté et dansé pendant de longues minutes dans les vestiaires, avant de rendre hommage à l’ancien président Amadou Toumani Touré, décédé le 10 novembre dernier en Turquie.
«Nous dédions cette qualification au président Amadou Toumani Touré. Nous rendons un grand hommage à ce grand homme et grand passionné du football que le peuple malien pleure. ATT a beaucoup fait pour le Mali.
Qu’Allah, le Tout-Puissant et Miséricordieux l’accueille dans son Paradis éternel. Amine», a déclaré le capitaine des Aigles Hamari Traoré, avant d’ajouter que «cette victoire est pour lui». Le sélectionneur national Mohamed Magassouba a également tenu à rendre hommage à l’illustre disparu.
«Dieu merci, cette qualification est tombée au bon moment. Les Aigles du Mali dédient cette victoire au défunt président Amadou Toumani Touré «ATT» qui aura été le cœur de la renaissance du football malien. Il a tout donné au football malien. C’est sous sa présidence que le Mali a remporté son premier trophée continental, à savoir la Coupe de la Confédération remportée en 2009 par le Stade malien de Bamako face à l’Entente Sétif d’Algérie. Il a été l’un des artisans de cette consécration», a témoigné le technicien Magassouba, avant d’adresser ses remerciements au gouvernement qui, à travers le ministère de la Jeunesse et des Sports et le comité exécutif de la Fédération malienne de football ont tout mis en œuvre pour permettre aux Aigles de bien préparer les deux matches cruciaux contre la Namibie.
La sélection nationale a regagné Bamako mercredi et a été accueillie à l’Aéroport international Président Modibo Keïta-Sénou par le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mossa Ag Attaher et la célèbre troupe de l’Union nationale des associations des supporters des Aigles du Mali (UNASAM). «Je sais que vous êtes fatigués, mais c’est pour vous remercier, vous féliciter et vous dire la fierté des plus hautes autorités du Mali, que je suis venu à l’aéroport. Le 10 novembre, nous avons perdu un grand homme qui a marqué l’histoire de notre Mali. Il s’agit de l’ancien président Amadou Toumani Touré.
Vous avez essuyé les larmes des Maliens qui ont tous pleuré après l’annonce de la mort de celui que nous appelions affectueusement ATT. Merci à toute l’équipe, merci au staff technique, merci aux supporters et merci à tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à cette qualification», a ajouté le ministre Mossa Ag Attaher sous les ovations des inconditionnels de l’UNASAM.
Envoyé spécial
Ladji M. DIABY
Mardi 17 novembre au stade Sam Nujoma de Windhoek
Namibie-Mali : 1-2
Buts d’Elmo Kambindu (39è min) pour la Namibie, Sékou Koïta (12è min) et Moussa Doumbia (37è min) pour le Mali.
Arbitrage du Comorien Ali Mohamed Adelaid, assisté de ses compatriote, Soulaimane Amaldine et Mohamed Ibrahim.
Namibie : Virgil Vries, Denzil Haoseb, Ananias Gebhardt (Riaan Hanamub, 46è min), Larry Horaeb, Vitapi Ngaruka, Teberius Lombard, Deon Hotto (Benson Shilongo, 46è min, Panduleni Nekundi, 88è min), Absalom Iimbondi (Salomon Omseb, 87è min), Petrus Shitembi (Marcell Papama, 69è min), Elmo Kambindu, Peter Shalulile (cap).
Sélectionneur : Bobby Samaria
Mali : Ibrahim Bosso Mounkoro, Hamari Traoré (cap), Boubacar Kiki Kouyaté, Falaye Sacko, Massadio Haïdara, Lassana Coulibaly, Mohamed Camara, Sékou Koïta (Cheick Doucouré, 80è min), Aliou Dieng (Adama Traoré «Noss», 60è min), Moussa Doumbia (Kalifa Coulibaly, 71è min), El Bilal Touré.
Sélectionneur : Mohamed Magassouba
Source L'Essor