Initié par la Fondation Forum de Bamako en collaboration avec le groupe VIP Africa,
ce rendez-vous des intellectuels devrait proposer des pistes de solutions à ces facteurs qui demeurent importants pour l’équilibre de nos États
Cette année, en plus du forum habituel prévu au mois de mai, les responsables du forum de Bamako ont initié une rencontre intitulée «l’autre forum de Bamako» dont le thème est: «État, citoyenneté, religions et laïcité : état des lieux, enjeux et perspectives au Mali». Le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga, représentant le Premier ministre, a présidé hier l’ouverture des travaux dans un hôtel de la place à Bamako. C’était en présence de plusieurs personnalités, notamment le président de la Fondation forum de Bamako, Abdoullah Coulibaly, l’ambassadeur de l’Union européenne au Mali, Bart Ouvry.
Mettant l’événement de deux jours dans son contexte, le président de la Fondation forum de Bamako a rajouté aux concepts soumis aux expertises et compétences des panélistes, les notions de civilité, de civisme, d’altérité, de tolérance et de solidarité. Le débat sur les religions et la laïcité, selon Abdoullah Coulibaly, constitue une préoccupation des intellectuels.
Pour lui, les vraies préoccupations des populations sont leurs frustrations nées des injustices multiformes, leurs attentes déçues par la mauvaise gouvernance de l’État, le manque de perspectives professionnelles des diplômés des médersas et universités arabophones, le relâchement des valeurs culturelles maliennes. «Ainsi, tout discours, de quelque obédience qu’il soit, s’il récupère ces frustrations, mobilisera des foules qui n’ont rien à voir avec telle ou telle religion», a analysé le président de la Fondation forum de Bamako.
Pour sa part, l’ambassadeur de l’Union européenne au Mali a mis l’accent sur la pertinence des discussions avant de rappeler l’importance de la rencontre aussi bien pour le Mali que pour son institution. Bart Ouvry saluera une réflexion qui tombe à point nommé, à un moment de transition, quand des choix importants s’annoncent tels une révision de la Constitution. Selon le diplomate européen, depuis 2012 des débats sont en cours et doivent amener les Maliens à arriver à un consensus sur la manière d’organiser la société. Et Bart Ouvry de souligner qu’il faut un consensus sur les bases de la société, la participation de tous au bien commun et le respect des institutions.
De son côté, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a souligné que le thème de ce forum nous interpelle tous. Pour le lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga, le Mali, comme de nombreux pays de la sous-région voire de l’Afrique, traverse des crises multidimensionnelles qui mettent en exergue la pertinence du thème de la rencontre.
Il a espéré que la tenue de cette rencontre soit une opportunité pour approfondir, développer et affiner les pistes de solutions pour contribuer à restaurer la paix, la sécurité et promouvoir le développement dans nos États. «Les enjeux liés à la problématique État, citoyenneté, religions et laïcité demeurent importants pour l’équilibre de nos États», a apprécié le ministre Maïga.
Durant deux jours, les participants discuteront sur trois panels. Hier, l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, a été chargé de modérer le module portant sur «État, citoyenneté et laïcité : état de la question et enjeux pour les démocraties contemporaines».
Les officiels lors de la cérémonie d’ouverture du forum
Ce panel s’articulait autour de trois communications : «la dynamique de la relation État et citoyenneté gage de l’équilibre social» ; «État et laïcité : le cas français» et «La laïcité ‘’à la malienne’’ : entre liberté de croyance et croyance en la liberté». Ces communications devaient être animées respectivement par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga, Pr Didier Maus, professeur émérite de droit public à Sciences Po Paris et Pr Gilles Holder, chercheur à l’IRD (Institut de recherche pour le développement).
Également, l’ancien ministre Lassine Bouaré était le modérateur du panel 2 consacré à : «Religions et laïcité au Mali : état des lieux et enjeux». Ce sous-thème a intégré plusieurs autres communications : «le code des personnes et de la famille au regard de la laïcité et des droits des femmes dans le contexte malien» ; “la place et l’importance du dialogue inter-religieux et de la laïcité dans un Mali ‘’moderne’’»…
Ce vendredi, les participants échangeront autour de la problématique de la laïcité pour un Mali stable et réconcilié avec ses valeurs socioculturelles. Cette thématique comprend trois communications.
Il s’agit de : «La laïcité face aux enjeux de protection des valeurs socioculturelles dans les familles, la cité, les médias et l’espace public : état des lieux et pistes de solutions» ; «Faut-il négocier avec les acteurs armés non étatiques au Mali : approche pour une offre de dialogue, de médiation et d’une stratégie nationale d’intervention» et «Quelles pistes possibles pour des négociations avec les groupes djihadistes, qui préservent la laïcité dans le contexte malien ?»
Oumar DIAKITÉ
Source L'Essor