Journée mondiale de lutte contre le cancer : La parole aux professionnels

En 2019, ce sont 1.545 cas de cancers qui ont été diagnostiqués dans le District de Bamako sur lesquels les femmes représentent 65,8%

À l’instar de la communauté internationale, notre pays a célébré la Journée mondiale de lutte contre le cancer pour non seulement sensibiliser les populations mais aussi inviter les institutions et les gouvernements à unir leurs efforts dans la lute contre cette maladie redoutable.
Le clou de la célébration a été une conférence-débat organisée par le service d’hémato-oncologie du Centre hospitalo-universitaire (CHU) du Point G, en collaboration avec Médecins sans frontières, sur la maladie. La rencontre, présidée dans un hôtel de la place par le doyen de la Faculté de médecine et d’odontostomatologie (FMOS), Pr Seydou Doumbia, a été l’opportunité de débattre des facteurs de risque, des statistiques liées à la maladie mais aussi de la prise en charge et de la prévention. Cette année, la campagne de sensibilisation vise tout particulièrement à améliorer les connaissances générales de la population sur le cancer et combattre les idées fausses sur la maladie. Pour le doyen de la FMOS, le cancer constitue un problème de santé publique. Il soutient que dans nos familles ou communautés, nous avons une personne atteinte de cancer ou qui en est décédée. Ce qui veut dire que «nous commençons à avoir des spécialistes mais aussi des structures pour la prise en charge des malades», a-t-il dit. Le chirurgien oncologue, Dr Coulibaly Bourama, confirmera ces propos en déclarant que les femmes sont plus atteintes de cancer que les hommes. Explication, la majorité des cancers (ceux du col de l’utérus et du sein) se développent chez la gent féminine.

À titre d’exemple, le chirurgien oncologue a fourni des chiffres de l’année 2019 où, 1.545 cas de cancers ont été diagnostiqués dans le District de Bamako sur lesquels 1.017, soit 65,8% ont été enregistrés chez les femmes et 528 cas, soit 34,2%, chez les hommes.
La tranche d’âge concernée chez les femmes varie de 46 à 60 ans. Le cancer du sein représente 19, 8% et celui du col 16,8%. Le cancer du sein représente le 1er cancer chez la femme et la 1ère cause de mortalité chez elle. En comparant nos données à celles des pays développés, le chirurgien oncologue affirme qu’il y a plusieurs cancers chez nous qu’on peut éviter.
Dr Mahamadou Coulibaly, un autre chirurgien oncologue ajoutera que le cancer peut affecter plusieurs organes. Il s’agit du sein, du foie, du col de l’utérus, de l’intestin, de l’œsophage, de la peau etc. Il existe deux facteurs de risque : les facteurs intrinsèques et les facteurs extrinsèques. Les facteurs intrinsèques sont génétiques, liés à l’âge physiologique, mais sont non modifiables. Par contre, les facteurs extrinsèques liés à l’environnement sont modifiables. Ils sont liés à nos habitudes alimentaires, à nos activités professionnelles et à nos comportements dans la vie quotidienne.

À en croire les spécialistes, les facteurs génétiques représentent 5 à 12%. Les facteurs hormonaux 12%. Les facteurs biologiques 15%, le tabac 24%, l’alcool 7% et l’alimentation 20%. Dr Fatoumata M. Sidibé oncologue au CHU du Point G, a expliqué que les femmes occupent une place très importante parce qu’on retrouve les deux premiers cancers au niveau du col de l’utérus et du sein. Par an, précise la spécialiste, le nombre de cancer est estimé à 2.000 cas ou plus. L’oncologue soutiendra que les femmes doivent être informées et sensibilisées pour une prise en charge convenable de cette pathologie. Et la Journée mondiale est tout indiquée pour ça. Elle a rappelé que le cancer a existé au Mali depuis très longtemps.

Il était simplement méconnu. Depuis 2010, une personne atteinte du cancer est diagnostiquée et dépistée quel que soit le type du cancer dans les services de santé publics et privés. Nous avons des insuffisances, en termes de chimiothérapie mais aussi de ressources financières pour faire face aux médicaments qui ne sont pas disponibles au Mali, a-t-elle précisé. Selon elle, le cancer était une maladie fatale. Mais de nos jours, la bonne solution est de diagnostiquer rapidement la maladie.
Il faut rappeler que les statistiques liées au cancer à l’échelle planétaire sont implacables. Le cancer (toutes formes confondues) reste la première cause de mortalité dans le monde. Mais on estime que 40% des cancers sont potentiellement évitables, 40% peuvent être traités et 20% traités à des fins palliatives.

Fatoumata NAPHO

Source L'Essor

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