Le riz entre de plus en plus dans les préparations culinaires de plusieurs ménages aussi bien en milieu urbain que rural
Environ 17 millions de personnes sont menacées de crise à pire (phases 3 à 5) pour la période de juin à août 2020 dans l’espace Sahel et en Afrique de l’Ouest. à ces populations en besoin d’une assistance alimentaire d’urgence, près de 51 millions de personnes, actuellement sous pression (phase 2), sont susceptibles de basculer en crise alimentaire et nutritionnelle (phase 3), selon les estimations du Cadre harmonisé. Cela à cause des effets conjugués des crises sécuritaire et sanitaire, ainsi que de la menace acridienne.
Ce triste constat inquiète le dispositif régional de prévention et de gestion des crises alimentaires (Pregec) au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Réunis par visioconférence le 18 juin 2020 en comité, ses membres ont tiré la sonnette d’alarme. «La situation nutritionnelle demeure préoccupante dans la région en raison du ralentissement de certaines activités de prise en charge de la malnutrition et de la baisse de la fréquentation des centres de santé liée à la pandémie de la Covid-19», alertent-ils. En conséquence, les prévalences de la malnutrition aigüe globale (mag) pourraient varier entre 10 et 15% au Burkina Faso, au Mali, en Mauritanie, au Niger, au Nord-Est du Nigeria, au Sénégal et au Tchad, au cours de l’année. Dans ces mêmes pays et localités, les taux de malnutrition aigüe sévère (Mas) pourraient dépasser le seuil d’urgence de 2%, prévient la réunion.
Les participants se sont réjouis du fonctionnement normal progressif des marchés dans la plupart de la région. Ce léger mieux est consécutif à l’allègement par les états des mesures de lutte contre la propagation de la Covid-19. Le statu quo continue au Sénégal, au Nigeria, au Togo et au Tchad où les mesures de fermeture sont en vigueur sur certains marchés. Il en est de même dans les zones de conflits du Liptako-Gourma, du lac Tchad et des régions du Nord du Mali en raison de l’insécurité civile qui y sévit, regrettent les participants à la rencontre.
En conséquence, les prix des céréales ont globalement augmenté de 4,1 à 8,6% dans la région par rapport à la moyenne quinquennale, sauf dans certains pays du bassin central (Mali, Togo et Burkina Faso), du bassin Est (Bénin) et du bassin Ouest (Cap-Vert). Les hausses de prix les plus importantes sont observées surtout sur le riz importé. Le dispositif estime l’écart à entre 11 et 17% au Nigeria, en Sierra Léone et au Liberia.
Les coûts des tubercules et des produits de rente connaissent également des flambées, exceptés ceux du niébé.
«Avec l’installation progressive de la campagne agricole 2020-2021, les prix des principales denrées devront poursuivre leurs hausses saisonnières au niveau des pays confrontés à l’inflation. Il s’agit notamment du Nigeria, de la Sierra Léone, du Liberia et de la Gambie », prévient la rencontre. Aussi, la menace acridienne demeure et se précise davantage. Pour y faire face, les pays de la ligne de front (Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) plus le Burkina Faso et le Sénégal, les organisations régionales et leurs partenaires internationaux s’activent à mobiliser les ressources nécessaires pour lutter contre une éventuelle invasion acridienne.
Quant aux prix du bétail, ils restent stables pour la plupart des espèces avec des tendances à la baisse observée dans les marchés situés dans les zones d’insécurité civile à cause de la mévente des animaux. En dépit de la situation pastorale caractérisée par une très faible (ou quasi-inexistante) disponibilité fourragère en Mauritanie et au Sénégal, et par endroits au Mali, au Burkina Faso, au Niger et au Tchad. En plus, la transhumance interne, tout comme celle transfrontalière ont été fortement impactées par les fermetures de frontières liées à la pandémie de la Covid-19 et à l’insécurité civile persistante dans la Région de Mopti (au Mali), dans la boucle du Liptako-Gourma, dans le bassin du lac Tchad et au Nord-est du Nigeria. Ainsi, les éleveurs et leur bétail éprouvent d’énormes difficultés d’accès aux ressources pastorales (pâturages et points d’eau) dans ces zones-là.
D’où l’appel de la réunion à l’endroit du CILSS, de la Cedeao et de l’Uemoa à soutenir les pays de la ligne de front (Mali, Mauritanie, Niger, Tchad plus le Burkina Faso et le Sénégal). Elle invite aussi les partenaires à appuyer les efforts des états dans l’exécution de leurs plans nationaux de réponses, notamment en faveur des populations vulnérables dans les zones de conflits, de réponses aux menaces de l’invasion du criquet pèlerin et de lutte contre la chenille légionnaire d’automne et autres nuisibles des cultures.
Synthèse
A. M. K.
Source: L'Essor