COUPURES D’ÉLECTRICITE : La ministre de l’Energie déclare la guerre aux voleurs de carburant

Délestage par endroit, vol à ciel ouvert du carburant, surfacturation, je-m’en-foutisme, la ministre de l’Energie et de l’Eau, Bintou Camara n’a rien laissé dans sa sortie du mardi 24 octobre sur le Plateau JT de l’ORTM1. Elle dénonce les mauvais comportements, la mauvaise foi, des agents véreux de l’Energie du Mali (EDM-SA). Mais, pour mener à bout cette bataille, elle est venue se confier à l’ORTM. Entretien.

 

ORTM1 : Est-ce un manque de rigueur dans la gestion de l’Energie du Mali ?

Bintou Camara : Oui, il y a un manque de rigueur dans la gestion. Ce manque a entrainé le déficit de production. La quantité de puissance installée, si elle était vraiment utilisée, il n’y aura pas de problème d’électricité au Mali. Les deux grosses centrales de Sirakoro et Balingué fonctionnent avec du fuel, mais ils (agents EDM) ont délaissé le fuel au profit du gasoil. Pour cause, la fraude n’est pas possible avec le fuel. C’est pourquoi, ils ne l’utilisent pas. Alors si c’est du gasoil, c’est à boire et à manger. Il est exonéré par les autorités pour qu’EDM puisse profiter du gasoil moins cher que le prix à la pompe. Mais, les ruptures sont provoquées par les agents d’EDM eux-mêmes.

ORTM1 : Comment sont-elles provoquées alors ?

B.C. : Nous avons mis en place un système de gestion et de contrôle. Ce contrôle porte sur les fournitures  des citernes qui arrivent au niveau d’EDM. Quand ces citernes arrivent, tout est centralisé au niveau de la centrale de Balingué. C’est à partir de cette centrale, qu’il y a un dispatching vers les autres centrales de Bamako et souvent dans les régions. Quand on fait le dispatching par exemple, on met deux citernes sur la route de Darsalam. En cours de route, une citerne disparait ou les deux disparaissent. Ça, on les appelle des manquants. Ces manquants, nous les qualifions de vol. Sur quatre jours, seulement, nous avons constaté qu’il y a 59 citernes manquantes. Ce sont des chiffres exacts. Ces citernes ont disparu entre Balingué et les différentes centrales de Bamako.

ORTM1 : Que devient ce carburant Mme la ministre ?

B.C. : Ce carburant est souvent revendu dans certaines stations de la place. Ce carburant est revendu aux industries à des prix moins chers. Ces voleurs de carburant ne sont pas seuls, ils sont aidés par des agents même d’EDM-SA. On a pu détecter des suspects. Le problème sera résolu.

ORTM1 : Certains n’hésitent pas à parler d’un réseau mafieux, composé de fonctionnaires et de commerçants, comment voyez-vous la chose ?

B.C. : Je confirme. C’est des voleurs. Il y a vol de carburant. Il y a vol au niveau de la facturation. Quand, un fournisseur livre une citerne de 45 milles litres, il y a ce qu’on appelle un récépissé de livraison. Ce récépissé est signé par l’agent EDM et le chauffeur. Mais, au niveau d’EDM, au lieu de faire une seule facture par rapport à ce récépissé, on retrouve deux ou trois factures liées à ce même récépissé. Donc, il y a vol au niveau de la facturation. Pourtant, toutes ces factures sont payées aux fournisseurs. C’est du vol. C’est un manque à gagner. Sur les facturations toujours, nous avons constaté qu’il y a 1 milliard 600 millions de francs CFA de  facturations complémentaires et supplémentaires. Uniquement en 2022, nous avons constaté également 52 factures supplémentaires pour un montant de 18 milliards surfacturés. Ce qu’il ne faut pas oublier, aujourd’hui EDM a 800 fournisseurs, à qui, elle doit plus de 600 milliards de francs CFA.

ORTM1 : Où en sommes-nous avec les contrôles ?

B.C. : Ils continuent. On a fait pour deux fournisseurs. Ces deux fournisseurs sont des fournisseurs de carburant.

ORTM1 : Il parait que vous avez effectué une visite inopinée de vos centrales le week-end dernier. Est-ce cette visite corrobore avec tout ce que vous venez d’évoquer ?

B.C. : On l’a fait. On s’est rendu compte qu’un fournisseur avait livré 17 citernes. On n’avait pas vu la trace de ces 17 citernes dans les documents. C’est pourquoi, dimanche dernier, on s’est déplacé sur la centrale de Balingué, qui est la principale centrale. Pratiquement, ça été compliqué. Le chef de la centrale qui enregistrait ses citernes avait du mal à nous donner les documents. On lui a demandé de nous faire une impression des documents, il nous a dit que son imprimante ne marche pas, son ordinateur ne peut pas porter une clé USB, et il ne peut pas faire un transfert sur un autre compte email. Nous avons transporté cet ordinateur dans nos bureaux au niveau du ministère avec le chef de la centrale lui-même, pour que le travail de contrôle puisse être fait. Notre informaticien a pu débloquer toutes les informations que nous avions besoin.

ORTM1 : Quelles sont les mesures envisagées pour mettre fin à ce genre de pratique ?

B.C. : La première mesure, c’est d’abord la sanction. Et, cette sanction tombera. Ensuite, il faut identifier tous les coupables qui sont dans cette magouille. Après, il faut qu’ils soient interpeller pour répondre de leurs actes.

ORTM1 : Et pour la bonne marche de la fourniture en électricité ?

B.C. : Nous sommes en train de mettre en place des contrats : le contrat de management et de carburant. D’ailleurs, on a commencé par le fuel, par ce qu’il est utilisé par les deux grosses centrales du pays. On fera un autre contrat de management avec un autre fournisseur. Comme ça, EDM saura clairement, quelle est la quantité qui lui a été livrée. Cette quantité sera enregistrée et payée. Ainsi, il y aura moins de pertes. Ça permettra de faire le stockage et de diminuer également les coupures intempestives d’électricité.

Propos recueillis par Hamissa Konaté

 

 

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