ABDOULAYE DIOP, MINISTRE : "Il y a aucune référence à une restriction d’imposition de visas aux ressortissants de l’AES dans l’espace Cédéao"

Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, était l’invité du Journal 20h de la 1ère chaîne de l’Office de Radio et Télévision du Mali (ORTM), ORTM1 du 08 juillet 2024. Sur le Plateau JT, le ministre Diop rassure qu’il n’y a absolument aucune restriction d’imposition de visas aux ressortissants de l’Alliance des États du Sahel (AES) dans l’espace de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Entretien.

 

ORTM : Des informations font état d’imposition de visas aux ressortissants de l’AES dans l’espace Cédéao. Qu’en est-il ?

Abdoulaye Diop, ministre : J’ai le communiqué final du 65è sommet des Chefs d’État de la Cédéao sous ma main. Je l’ai parcouru en long et en large, mais je ne vois aucune référence dans le communiqué des Chefs d’État par rapport à des restrictions qui seraient imposées à la circulation contre les ressortissants de l’AES dans l’espace Cédéao. Même si c’est le cas, certains responsables de cette Communauté ne sont pas sortis des anciennes méthodes. Toujours, ils vont essayer de faire peur aux populations, de faire le chantage ou d’utiliser les populations comme une arme de guerre pour créer des problèmes avec leurs dirigeants. Les populations de l’AES ne doivent pas servir de bouc émissaire. Mais, il faut qu’on comprenne que le chemin qu’on a pris est un chemin difficile, il y a des conséquences, des difficultés, car nous recherchons des objectifs. Qui aurait cru que le Mali aurait atteint tous ces résultats sur le plan sécuritaire avec ses propres moyens face à des puissances qui ont été sur notre territoire avec des milliards de dollars investis pendant 10 ans ? Résultat : elles n’ont rien donné. Donc, au nom des plus hautes autorités du Mali, je voudrais rassurer nos compatriotes que tout est mis en œuvre pour protéger et appuyer nos ressortissants qui vivent dans les autres espaces autour de nous.

 

ORTM : Alors, que peut-on retenir de ce sommet de Niamey ?

A.D. : D’abord, le 06 juillet est retenu comme une date historique. Elle est extrêmement importante dans la mesure où Leurs Excellences Colonel Assimi Goïta, Général de Brigade, Abdourahamane Tiani et Capitaine Ibrahim Traoré, ont décidé de répondre à l’appel des populations de ces trois pays pour aller vers une plus grande unité, une plus grande solidarité, une plus grande fraternité entre nos trois pays. Mais, ce qui a frappé à Niamey, c’est la grande mobilisation des jeunes, femmes, de toutes les composantes de la société. Ils se sont mobilisés avec beaucoup d’enthousiasme. C’était vraiment perceptible sur leurs visages. En effet, il s’agit de l’aboutissement de tout un processus, qui avait commencé, il y a quelques mois. Avec ce sommet important, une nouvelle page de l’histoire de nos peuples a été dessinée pour notamment renforcer notre intégration. Niamey, c’est aussi la grande confiance qui a été placée en notre pays à travers le Président de la Transition, Colonel Assimi Goïta, chef de l’État pour présider aux destinées de la nouvelle Confédération de l’Alliance des États du Sahel. C’est une grande responsabilité pour notre pays, mais aussi, un moment d’engagement de travailler autrement à proposer une alternative aux modèles d’intégration qui existaient dans notre espace.

 

ORTM : Justement, vous venez d’évoquer la nouvelle Confédération de l’Alliance des États du Sahel créée par les trois Présidents, c’est quoi une Confédération, selon vous ?

A.D. : Une confédération est une union d’États souverains qui préservent et maintiennent leur indépendance, mais qui peuvent décider de déléguer certaines de leurs compétences à des organes dans des domaines précis. Dans le cadre de l’AES, il y a trois grandes dimensions : il y a d’abord le domaine de la défense et de la sécurité, le développement et la coordination des activités d’intégration. Le troisième pilier est dans le domaine de la coordination de l’action diplomatique de nos trois pays. Une confédération par définition est différente d’une fédération, parce que les pays de la confédération préservent toujours un certain nombre d’éléments dans des domaines précis. Or, une Fédération est vraiment un État souverain.

 

ORTM : L’une des conclusions du sommet de l’AES a été de confier au Chef de l’État du Mali, la présidence tournante de la nouvelle Confédération. Avez-vous un commentaire ?

A.D. : Oui, c’est une grande responsabilité pour notre pays et une grande opportunité de pouvoir s’élever à la hauteur de confiance. C’est vraiment une marque de confiance importante de présider aux destinées de la Confédération AES pour la première fois.

 

ORTM : Monsieur le ministre, beaucoup de Maliens s’interrogent sur les relations entre les pays membres de l’AES et la Cédéao, est-ce la création de cette nouvelle Confédération signe la rupture consommée avec la Cédéao ?

A.D. : Comme vous le savez, l’AES est née dans un contexte particulier. Elle a été créée pour notamment faire face à une menace existentielle, qui était dirigée contre le Niger et contre les autres pays membres de l’Alliance. À partir de cet instant, les trois Chefs d’États ont décidé de travailler pour une vision commune et des objectifs communs. Aujourd’hui, l’AES n’est en opposition avec qui que ce soit. Nous travaillons plutôt pour réaliser des choses concrètes pour nos populations. Par rapport à la Cédéao, nos chefs d’État ont été très clairs à Niamey. Vous les avez entendus, en indiquant que le retrait de nos trois pays de la Cédéao est irrévocable et a été fait sans délai. Donc à partir de cet instant, nous devons cesser de regarder dans les rétroviseurs, nous travaillons seulement à matérialiser cette volonté-là.

 

ORTM : Avez-vous un dernier mot ?

A.D. : Il faut encore renforcer la solidarité entre nous Maliens et les composantes de la Communauté AES. C’est vrai, la sécurité demeure notre priorité, c’est une dimension essentielle, mais nous devons comprendre que personne ne viendra nous sauver à notre place. Nous devons travailler nous-mêmes pour avancer. Les pouvoirs sont conscients des difficultés que traverse notre pays, mais les difficultés ne se surmontent pas du jour au lendemain. Donc, nous devons maintenir le cap pour faire en sorte de garder un pays en sécurité, un pays stable, un pays où la prospérité est partagée où les dirigeants communiquent en toute transparence avec la population pour surmonter l’ensemble des défis ou trouver des solutions qui préservent le pays.

Propos recueillis par Mariam Koné/Hamissa Konaté

 

The website encountered an unexpected error. Please try again later.