Crise socio-politique : Les religieux et la société civile appellent au dialogue

       Le climat socio-politique de notre pays est en surchauffe depuis la marche du 5 juin dernier dont les organisateurs critiquent avec véhémence la gestion du pouvoir. Ces dernières semaines, les mouvements et associations politiques qui ont décidé de déclencher une campagne de défiance à l’égard des pouvoirs publics, ont vu leur rang grossir.

     La CMAS proche de l’imam Mahmoud Dicko, le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) et le mouvement Espoir Mali Koura (EMK), à l’origine de cette fronde contre les autorités, ont été rejoints par d’autres mouvements et partis politiques. Désormais appelés Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), ils projettent une marche le vendredi prochain, avec l’objectif : «la démission du président de la République».

     La situation de crise qui en résulte est grosse de menace pour la stabilité du pays. C’est pourquoi, des actions se multiplient pour appeler les protagonistes à la retenue et à privilégier la voie du dialogue.

     Le représentant résident de la Commission de la Cedeao, le Haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel et le Représentant spécial du secrétaire général des Nations unies au Mali ont rencontré, du 6 au 8 juin derniers, les leaders des contestataires ainsi que le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, pour offrir leurs bons offices.

      Le Cadre d’actions, de médiation et de veille des confessions religieuses et des organisations de la société civile a inscrit son action dans ce sens.

      Lors de son point de presse, tenu jeudi dernier, cette organisation créée en vue de contribuer à l’apaisement du climat socio-politique et à la recherche de solutions durables aux problèmes majeurs auxquels le Mali est confronté, a fait un certain nombre de propositions.

     Après une «analyse objective de la situation à la lumière de la douloureuse expérience des évènements de 2012 dont le pays subit encore les conséquences néfastes sur les plans socio-économique, culturel et de la gouvernance», le Cadre a d’abord dénoncé avec force, la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays, la persistance de la crise scolaire, la mauvaise gouvernance, la mauvaise distribution de la justice, les problèmes de santé amplifiés par la crise de la Covid-19 et la mauvaise gestion des dernières élections législatives.

     Le Cadre a appelé les autorités et l’ensemble des acteurs à la retenue, à leur foi religieuse et à leur sens élevé du patriotisme pour sauver le pays du chaos et du vide constitutionnel. Les leaders religieux demandent à tous les acteurs leur engagement dans la recherche de solutions définitives de sortie de crise tout en préservant la légalité constitutionnelle, notamment la première institution du pays.

    Ils soutiennent et appuient toute initiative visant la stabilité du pays et l’amélioration des conditions de vie des populations ; encourage les autorités et les acteurs de tous bords à privilégier le dialogue et nos mécanismes traditionnels de gestion des crises.

    Aussi, les confessions religieuses et les organisations de la société civile ont invité le président de la République à accorder plus d’attention aux revendications légitimes et aux problèmes des populations tout en rappelant à l’État son rôle régalien de satisfaire aux besoins fondamentaux des citoyens.

    Le Cadre demande aux autorités de prendre des mesures tendant à instaurer un climat de confiance et de transparence dans la gestion des affaires publiques, notamment la lutte contre l’impunité, l’incivisme. Il invite les acteurs et l’ensemble de la population à mettre le Mali au-dessus des intérêts partisans, exhorte l’ensemble des Maliens à inscrire leurs actions dans le cadre du respect de la Constitution et les invite à cultiver le sentiment d’appartenance à une même nation et le respect de nos valeurs sociétales.

     Enfin, le Cadre d’actions, de médiation et de veille des confessions religieuses et des organisations de la société civile s’est engagé à jouer toute sa partition dans la recherche de solutions de sortie définitive de crise. C’est dans ce cadre qu’il compte mener des pourparlers et des négociations avec les autorités du pays et les principaux acteurs pour une sortie durable de crise et pour une recherche de solutions aux problèmes majeurs du pays. Aussi, le parti Alliance pour la solidarité au Mali – Convergence des forces patriotiques (Asma-CFP), a versé son avis au débat sous la forme d’un communiqué rendu public samedi. Le parti de l’ancien Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, affirme avoir pris acte des revendications et des préoccupations exprimées par certains acteurs sociaux et politiques. Notant que plusieurs revendications et préoccupations sont justes et légitimes, la formation politique dénonce en revanche la demande de démission du président de la République.

    L’Asma-CFP encourage vivement le président de la République, garant de l’unité nationale, à user de ses prérogatives constitutionnelles pour apporter des réponses adéquates aux problèmes qui sont posés. Le parti, conclut le communiqué, réaffirme son attachement au dialogue et à la concertation, engage les différents acteurs à inscrire leur action dans ce cadre.

Dieudonné DIAMA

Source: L'Essor

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