Le président de la Transition Bah N’Daw se recueillant sur le cercueil d’Idriss Déby Itno
Le président de la Transition Bah N’Daw a pris part vendredi à N’Djamena avec plusieurs chefs d’État, à la cérémonie d’adieu au président tchadien décédé le 20 avril dernier suite à des blessures reçues lors des opérations militaires qu’il dirigeait contre des rebelles
Au-delà du peuple tchadien, c’est l’Afrique et le monde entier qui ont rendu un dernier hommage au président Idriss Déby Itno qui aura dirigé le Tchad pendant 30 ans.
Une dizaine de chefs d’État du continent, le président français Emmanuel Macron, les représentants de plusieurs dirigeants africains, des organisations sous-régionales, régionales et internationales ont fait le déplacement à N’Djamena pour honorer, aux côtés des nouvelles autorités tchadiennes, la mémoire du Maréchal du Tchad.
Ses obsèques qui ont eu lieu sur la Place de la Nation ont été marquées par les hommages militaires, la partie civile consacrée aux témoignages de ses proches, amis, des chefs d’État et l’oraison funèbre.
Après la revue des troupes par le chef d’état-major général des Armées, la dépouille mortelle recouverte du drapeau tchadien a été exposée à la Place de la Nation pour les honneurs militaires. Le président du Conseil militaire de Transition le général Mahamat Idriss Déby y a déposé une gerbe de fleurs avant de lui rendre un dernier hommage.
Ensuite, tour à tour, les chefs d’État et de gouvernement, des autres délégations et la Première dame se sont recueillis sur la dépouille mortelle. Ce qui sera suivi par le tir de 21 coups de canon en l’honneur du défunt et le dépôt des attributs de maréchalat par le Grand chancelier des ordres nationaux du Tchad.
C’est l’un de ses fils, Abdelkerim Idriss Déby qui a ouvert la séquence des témoignages, au nom des enfants. «Nous perdons un papa hors du commun, attachant, attentionné et exigeant», a-t-il indiqué, ajoutant que les réactions unanimement attristées de tous les Tchadiens et des amis du Tchad témoignent à suffisance de la place qu’occupait leur père dans le cœur de ses compatriotes et dans celui de ses frères africains et amis d’ailleurs notamment de France.
La Première dame Hinda Déby Itno a souligné que le défunt était pour elle, un époux exemplaire, un père attentionné et un conseiller avisé. Selon elle, un repère entier a disparu, les laissant en perdition dans un désert mouvant. C’est en larmes qu’elle a fait ses adieux à son défunt mari.
Au nom de la famille, Zakaria Idriss Déby, ambassadeur du Tchad auprès des Émirats arabes unis, dira que son père représentait à la fois la fierté et l’âme de la nation tchadienne pour ses concitoyens et un rempart contre le terrorisme, l’obscurantisme et les forces du mal pour les Africains.
Le Maréchal, a-t-il rappelé, a consacré toute sa vie au Tchad par la plume, les mots, les armes, la sueur et le sang depuis qu’il avait 22 ans. Et dans les nombreux combats qui ont jalonné sa vie de soldat au service de son pays, il a perdu sept frères, plusieurs neveux, amis et un nombre incalculable de compagnons.
Pour sa part, le représentant des baministes (ses compagnons de lutte) a déclaré que rien ne laissait prévoir un départ si brusque de Déby tant ils étaient habitués à le voir toujours en première ligne, arme à la main, depuis le 1er avril 1989, dans les affrontements militaires pour la cause de la patrie en dépit des hautes fonctions de l’État qu’il exerçait.
Le secrétaire général de son parti, le Mouvement patriotique du salut (MPS) abondera dans le même sens, soulignant que le roc symbolisant le Tchad a tiré sa révérence et les Tchadiens sont sous le choc. Pour lui, la date du 20 avril 2021 est à jamais gravée en noir dans l’Histoire de la nation tchadienne.
STABILITÉ DU TCHAD- Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo, président en exercice de l’Union africaine, rappellera que l’Afrique a eu en Idriss Déby, un défenseur de ses intérêts et de son impérieux besoin de pacification et de stabilité.
Il a exprimé son admiration pour le vaillant combattant qu’il aura été pour son pays et pour le continent, estimant que son décès brutal devrait servir de catalyseur pour une véritable union du peuple tchadien dans sa plus grande diversité. Le président Tshisekedi prévient que tout enlisement de la situation sécuritaire du Tchad constituerait une menace à son intégrité territoriale ainsi qu’à la stabilité de la région. De son côté, le président guinéen Alpha Condé a indiqué qu’Idriss Déby était un modèle qui a montré son attachement à l’Afrique en versant le sang de son peuple sur les différents champs de bataille africains.
Emmanuel Macron qui a fait le déplacement aux côtés de ses homologues africains a déclaré que le Maréchal Déby a vécu en soldat et est mort en soldat, les armes à la main. «Aujourd’hui, je partage le deuil d’une nation touchée dans sa chair par le sacrifice de son premier soldat.
Je partage aussi le deuil d’un ami et d’un allié fidèle car, il a été le premier à répondre à l’appel des pays de la région pour défendre l’Afrique contre le terrorisme armé au Sahel en 2013, à venir au secours du Mali aux côtés de la France», a rappelé le président Macron. Avant de marteler que «la France ne laissera jamais personne remettre en cause et menacer ni aujourd’hui, ni demain, la stabilité et l’intégrité du Tchad».
Au nom des chefs d’État du G5 Sahel, le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a salué son engagement dans le combat difficile qu’ils menaient ensemble contre le terrorisme au Sahel et dans le lac Tchad qu’ils poursuivront en sa mémoire. Il a précisé que le Maréchal Déby a œuvré au sein du G5 Sahel à la création de la Force conjointe et de la Coalition pour le Sahel.
Le haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a, lui, rendu hommage au défunt pour le travail accompli singulièrement dans la lutte contre le terrorisme. Selon Josep Borell, Idriss Déby était un acteur majeur de l’organisation sahélienne et un partenaire essentiel de l’Union européenne.
L’oraison funèbre et la remise de la dépouille à sa famille pour la prière mortuaire à la Grande mosquée de N’Djamena ont mis fin à la cérémonie. La dépouille a ensuite été transportée à Amdjarass, une localité qui jouxte sa ville natale de Berdoba, pour son inhumation dans l’intimité familiale. Le Maréchal Idriss Déby Itno repose désormais au cimetière d’Amdjarass.
Envoyé spécial
Dieudonné DIAMA
Source l'essor