À l’occasion de la Journée mondiale de la presse, qui est célébrée, ce vendredi 03 mai 2024 à travers le monde, notre Rédaction est allée à la rencontre des acteurs de la Presse malienne pour notamment aborder l’épineuse question du professionnalisme dans le métier du journaliste.
D’abord, le 03 Mai constitue une journée de réflexion pour les professionnels des médias, une occasion de se prononcer sur les questions relatives à la liberté de la presse et à l’éthique et déontologie du journalisme.
Mais, qu’en est-il au Mali ?
Plusieurs acteurs chevronnés des médias sont tous unanimes que l’éthique et la déontologie, deux colonnes vertébrales du journalisme, sont foulées au pied par de nouveaux acteurs ou influenceurs, si vous voulez. Selon eux, les causes sont nombreuses, notamment le manque de formation professionnelle et l’envahissement du secteur par ces nouveaux influenceurs qui se rapprochent de plus en plus du métier du journaliste. Mais, ils ne sont ni journalistes, ni bloggeurs encore moins journalistes-web. Ils ont plusieurs noms distincts : vidéo-man, activiste, activiste-web ou même journaliste du peuple. S’ils ne sont pas journalistes à proprement parler, ils sont néanmoins très suivis sur les réseaux sociaux et cherchent à monnayer cette popularité.
« La professionnalisation fait gravement défaut »
Selon Bandiougou Danté, président de la Maison de la presse (MP), la professionnalisation fait gravement défaut, malgré les efforts consentis. « Aujourd’hui, nous souffrons énormément de la concurrence déloyale. Les médias classiques sont quasiment abandonnés au profit des médias électroniques qui n’ont aucune contrainte et qui font toutes les activités que font les médias classiques », déplore le président de la MP.
Pour le président d’Appel-Mali, Modibo Fofana, l’information est banale aujourd’hui
« Le journaliste n’a plus son monopole. Maintenant, la question est de savoir, est-ce qu’on doit redéfinir la presse, à mon avis non. Mais, le journaliste doit-être professionnel. On doit faire aujourd’hui ce qu’on appelle le journalisme de qualité », souhaite Appel-Mali.
De son côté, le président de l’Union des radios et télévisions libres du Mali (Urtel), Mamoudou Bocoum, dénonce le manque d’engagement de certains responsables des médias à recycler les hommes et femmes qui animent leurs organes de presse.
« Tout le monde n’est pas journaliste »
Abondant dans le même sens que ses prédécesseurs, le directeur général de l’Office de Radio et Télévision du Mali (ORTM), Hassane Baba Diombélé, dira qu’il suffit simplement d’avoir un téléphone portable, faire une ou deux publications, la personne se dit journaliste. « Or, ce n’est pas comme ça. Aujourd’hui, il est vraiment important de faire la sélection. On avait essayé avec la Carte de presse nationale, mais d’autres problèmes sont survenus. Sinon, il est impératif de mettre les choses au clair, définir les limites à ne pas franchir », renchérit le DG de l’ORTM, tout en ajoutant que : « seul, le professionnalisme donnera plus de valeurs au travail que nous sommes en train de faire tous les jours. Ici à l’ORTM, l’accent est surtout mis sur le professionnalisme ».
De nos jours, le Mali compte une quarantaine de télévisions privées, plus de 400 radios, 70 sites web d’informations et plus de 250 parutions.
Hamissa Konaté