Assises de Bamako : La liberté pour les accusés du jour

Au village les deux paysans se vouent une méfiance réciproque. L’un fini par accuser (à tort) l’autre d’avoir provoqué un incendie dans son champ. à la justice le droit a prévalu

C’était la période des récoltes du riz à Woula, (Sikasso) localité où vivent les deux paysans protagonistes. Tout comme plusieurs riziculteurs locaux, YD a récolté les épis de riz qu’il a semés plusieurs mois avant. Il a rassemblé une importante quantité de ces épis en plusieurs tas. Puis, il a choisi un coin de son champ pour les y entasser, le temps de les battre pour obtenir la précieuse graine de riz.

Le temps passe, YD a constaté que des animaux appartenant à BC passaient très régulièrement dans son champ de riz pour se gaver des épis encore non battus. Une fois ce constat fait, le riziculteur a approché le propriétaire des animaux pour le mettre en garde contre toute destruction de ses efforts de plusieurs mois, du fait de la divagation de ses animaux. Voilà qui est pourtant clair. Mais apparemment, le riziculteur semblait avoir prêché dans le désert. A plusieurs reprises il a averti son vis à vis d’empêcher ses animaux d’aller brouter ses épis de riz. Mais ces avertissements semblaient tomber dans les oreilles d’un sourd. Pis. Non seulement les bêtes étaient toujours livrer à elles- mêmes, mais leur propriétaire n’était visiblement pas content des avertissements du riziculteur.

Véhémente négation des faits
Dans cette atmosphère de méfiance réciproque, un incendie mystérieux s’est déclenché. Les flammes ont consumé tous les épis de riz que YD a récolté et gardé avant leur abattage. Quelques temps après, le bruit a couru dans le village comme une traînée de poudre. Et du coup, tous les soupçons ont quasiment convergé vers BC. Dans la foulée, celui-ci a été interpelé par la gendarmerie qui a diligenté son dossier pour le renvoyer au parquet du tribunal de grande Instance de Koutiala. D’où sa comparution en assises aux termes d’une procédure judiciaire normale avant d’être inculpé pour incendie volontaire.

Durant toute la procédure, l’inculpé a nié les faits. Il est resté fidèle à ce moyen de défense jusque qu’à la barre. « Je n’ai pas provoqué d’incendie. Je n’ai pas incendié les épis de riz. D’ailleurs, j’en ai été informé comme tout le monde au village », ne cesse-t-il de répondre aux juges qui voulaient savoir qui en était le vrai responsable.

« Mais pourtant, tout le village est unanime que c’est toi le responsable », insiste un des juges. La réponse du suspect, n’a pas varié. Il a nié avec véhémence et précisé d’ailleurs qu’il a dit les mêmes choses aux gendarmes lors des enquêtes préliminaires. Pour soutenir ses propos BC ajoute que non seulement il n’est pour rien dans cette histoire d’incendie, mais, qu’il n’a pas la moindre idée sur un quelconque auteur. Appelé à témoigner, la victime n’a pas occulté le fait d’une mésentente entre lui et le propriétaire des animaux au village bien avant cette histoire. Raison de plus pour lui de charger l’éleveur qu’il accuse formellement d’être l’auteur de l’incendie dans son champ.

Le parquet dans sa réquisition est revenu sur les faits. En sa qualité de défenseur des citoyens, il a qualifié l’accusé de manipulateur. Pour lui, cet homme est un menteur qui use du mensonge pour échapper à la justice. De là, le magistrat a requis de le maintenir dans les liens de l’accusation.

La défense a qualifié le dossier de « bâclé ». Elle a préféré mettre l’accent sur le manque criard de preuves contre son client. Mieux, l’avocat est parti du fait que le doute profite toujours à l’accusé, c’est pourquoi, il a sollicité la Cour de relaxer son client. « Vous n’avez aucun motif valable contre mon client. Rien ne le lie à l’infraction », a-t-il soutenu mordicus. Finalement, la plaidoirie de l’avocat semble avoir payé. La Cour s’est prononcée sur la non culpabilité de l’accusé. Celui-ci est ressorti libre du
tribunal.
Tamba CAMARA

Source l'essor

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