Cimetière d’Hamdallaye : Faut-il en faire un mausolée national ?

Sélon plusieurs témoignages, les premiers corps enterrés dans ce cimetière datent de 1949

Plusieurs personnalités reposent dans ce cimetière, dont trois anciens présidents de la République : Modibo Keïta, le général Moussa Traoré et le général Amadou Toumani Touré

Nous sommes un lundi à Hamdallaye, un quartier populaire de la capitale. Il est environ 15 heures. Ce n’est pas encore l’heure de pointe pour commencer la circulation alternée, mais déjà les véhicules commencent à être pris dans «le piège infernal» des embouteillages. Au niveau du monument de l’éléphant où se trouve aussi une porte d’accès au cimetière d’Hamdallaye, la nasse se fait de plus en plus compacte. Une sirène annonce un cortège funèbre qui fait de grandes manœuvres pour s’extraire rapidement de l’entonnoir et regagner la «demeure des morts».
Dans le cimetière d’Hamdallaye, il y a surtout les tombes de trois anciens présidents de la République : Modibo Keïta, le père de l’Indépendance du Mali, le général Moussa Traoré qui a fait 23 ans au pouvoir et Amadou Toumani Touré (ATT). Tous y gisent pour l’éternité. Depuis l’inhumation du général Amadou Toumani Touré dans ces lieux, le 17 novembre dernier, nos compatriotes, y compris sa famille, des amis, des proches, des anciens collaborateurs et de simples curieux, affluent pour se recueillir sur la tombe de celui qu’on appelait «le soldat de la démocratie au Mali». Des anciens Premiers ministres, des ministres, des députés y seront également enterrés.

Le nombre important des visites remet sur le tapis l’idée de l’érection du cimetière d’Hamdallaye en un Mausolée national ou à un Panthéon, où reposeront les hommes d’état et d’autres illustres citoyens du pays. L’idée a traversé les esprits de certains qui continuent de nourrir la conviction qu’il est plus que temps de créer un temple où reposeront les personnages célèbres dans notre pays. Dramane Togola travaille au cimetière d’Hamdallaye depuis 2009 comme gardien des lieux. Ce cimetière est bâti sur 32 hectares. On y accède par 5 portes. S’il faut croire le gardien, les corps arrivent ici des différents quartiers des Communes II, III et IV. Dramane Togola assiste en moyenne à 6, voire 8 enterrements par jour. Mais au-delà des foules ordinaires qui accompagnent les défunts à leurs dernières demeures, le cimetière ne désemplit que rarement, même au-delà de 17 heures indiqué comme heure de fermeture des lieux. Ils sont très nombreux les parents et ou les proches des défunts à se rendre sur place pour se recueillir sur les tombes. Ce rituel est pratiqué généralement les vendredis. Le gardien des lieux estime qu’il existe dans ce cimetière des choses qui sortent de l’ordinaire.

Le quinquagénaire et père de famille semble avoir beaucoup à dire sur ce qui se passe quotidiennement au cimetière. Des actes de dévotion, de recueillement, de prière mais aussi des choses qui dépassent tout entendement. Il revient en détails sur certaines situations étranges qu’il a vécues.
Les gens viennent aussi bien du Mali que des pays voisins (Côte d’Ivoire, Guinée, Sénégal, Burkina) pour faire la ziara (une visite pieuse) sur certaines tombes. Notre interlocuteur désigne trois d’entre elles qu’il qualifie, lui-même, de tombes spéciales. Celles-ci renfermeraient des «waliyou», autrement dit des saints. Les gens continuent de venir implorer l’esprit de ces hommes de Dieu. Pour un esprit cartésien, il est difficile de croire en ces choses mystiques mais elles sont bien une réalité de chez nous.

Le gardien du cimetière y croit en tout cas. Aucun argumentaire développé ne pourrait le convaincre du contraire. Il serait même renforcé dans ses convictions par certains faits. à cet effet, il explique que les cadavres de ces saints sont toujours intacts bien qu’ils soient enterrés depuis des décennies. «à plusieurs reprises, on a tenté de les déterrer pour les remplacer. Mais chaque fois, on a été surpris de constater que les corps sont toujours intacts comme au premier jour où ils ont été enterrés», dit-il avec une pointe d’émotion. Ainsi, sur proposition des proches et parents de ces «hommes de Dieu», le gardien a été obligé de baliser la portion de terre qui renferme leurs tombes.
Ce cimetière renferme des tombes qui datent de 1949, comme pour dire qu’il fait partie des plus vieux de la capitale. Aujourd’hui, il est confronté à un problème d’espaces. On déterre des restes de corps pour enterrer à la place d’autres cadavres. Le gardien des lieux en appelle à l’implication des autorités compétentes pour imposer une exploitation judicieuse du cimetière.

Mohamed TRAORÉ

Source L'Essor

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