Entretien avec le ministre du Travail, de la Fonction Publique et du Dialogue Social, Dr Fassoum Coulibaly

Entretien avec le ministre du Travail, de la Fonction Publique et du Dialogue Social, Dr Fassoum Coulibaly

Le ministre du Travail, de la Fonction Publique et du Dialogue Social, Dr Fassoum Coulibaly était l’invité du JT 20H de ORTM1 du 14 Aout 2024. Il s’est prononcé sur l’annulation du concours de recrutement à la fonction publique par un communiqué en date du 5 février 2024 ainsi que les conditions d’organisation du nouveau concours du 13 avril au 5 Mai 2024.

Lisez l’entretien réalisé par Awa Mah Camara :

 

M. le ministre, vous avez procédé à l’annulation du concours de la fonction publique par un communiqué en date du 5 février 2024. Pourquoi, cette décision et quelle est la suite réservée à cette décision ?

Dr Fassoum Coulibaly : je vous remercie, je remercie l’ORTM et l’ensemble des spectateurs de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer sur cette question extrêmement importante. Vous venez de le souligner, effectivement, le 5 février 2024, par un communiqué lu à votre antenne ici, à 20H, nous avons décidé effectivement d’annuler le concours direct de recrutement à la fonction publique, exercice budgétaire 2023, à la suite de la découverte d’un vaste réseau de fraude et de corruption. A ce titre, nous avons décidé d’annuler et de prendre nos responsabilités.

 L’annulation de ce concours n’avait d’autres objectifs que d’assurer l’égalité et la transparence et l’égalité des citoyens devant l’emploi public tel que stipulé à l’article 86 de notre constitution du 22 juillet 2023. A ce titre, l’annulation a été saluée par le grand peuple et la majorité des candidats. Donc il fallait procéder à l’organisation d’un nouveau concours de la fonction publique.

Mais ce qui est extrêmement important, c’est que le concours de la fonction publique, beaucoup n’y croient pas et lorsqu’on découvre un réseau de ce genre, nous avons été obligés de prendre nos responsabilités et de procéder à l’annulation. Chaque fois que des dénonciations seront faites, qui seront vérifiées, s’il s’agit d’un concours, ça sera annulé et ça sera repris, parce que nous avions intérêt à annuler. Un pays ne peut avoir des ressources humaines de qualités que lorsque les compétitions se font sur des bases saines et lors de l’émission Malikura Taasira 2, en décembre, j’avais donné cette assurance que nous allons assurer l’équité et la transparence de tous les citoyens devant l’emploi public. C’est ce qui nous a amenés à cette opération. Le volet judiciaire, nous n’allons pas le commenter au nom de la séparation des pouvoirs entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Donc ça c’est à un autre niveau.

 

Vous l’avez dit, il fallait réorganiser le concours et il a finalement eu lieu du 13 avril au 5 mai 2024. Quelles sont les mesures que vous avez prises au niveau de votre département pour que de tels cas ne se reproduisent plus ?

Le Ministre : Je viens tantôt de le dire, que lorsque nous avions annulé le concours, l’objectif c’était vraiment d’assurer l’équité et la transparence que nous avions promis au candidats et au peuple maliens. Pour arriver à ce résultat, nous avons effectivement pris de nouvelles mesures, notamment, nous avons procédé à la modification de l’arrêté qui fixe les modalités d’organisation du concours qui est un arrêté de 2009 qui comportait beaucoup d’insuffisances et nous avons instauré un jury qui a suivi tout le processus d’organisation du concours. En plus de ça, nous avons procédé à l’instauration de nouvelles méthodes de codification des copies d’examen qui n’existaient pas avant. Donc ce qui fait que toutes les copies d’examen sont codifiées, c’est que le correcteur ne voit plus rien sur la copie que seulement ce que le candidat aura mis sur sa copie. Nous avons aussi changé la méthode du choix des sujets. Voilà un ensemble d’innovations qui nous ont permis d’organiser du 13 avril au 5 Mai 2024 un nouveau concours. Notre objectif, comme je l’ai dit tantôt, c’est de donner à l’administration des ressources humaines de qualités et sans lesquelles on ne peut prétendre à un développement économique et social de notre pays. Voilà les raisons et c’est ce que nous avons fait pour organiser ce nouveau concours.

 

C’est la fin du processus. Les résultats, c’est pour quand ?  Et qu’est ce qui explique cette longue période observée ?

Le ministre : la longue période observée comme vous l’avez dit, c’est parce qu’il fallait traiter les choses avec minutie depuis les centres de concours, depuis la classification des copies, depuis la correction des épreuves, depuis les ports des notes, les vérifications. C’est ce qui a fait que le processus a été long. Il fallait le mener avec minutie et avec des personnes de confiance. C’est ce qui nous a permis, à ce stade, d’avoir un résultat qui sera disponible InchaAllah, le vendredi 16 Aout, dans la matinée, au centre national des examens et concours. Ensuite, à la suite de la vérification des diplômes, au cours du processus, nous avons découvert et décelé, 44 faux diplômes qui seront transmis à la justice. Ce qui est aussi important, c’est que tous les emplois pourvus n’ont pas été occupés. Ça veut dire que le travail a été sérieux. Sur 1489 emplois à pourvoir, 72 n’ont pas été pourvus pour insuffisance de moyenne. Donc, l’objectif comme je j’ai dit tantôt, c’est vraiment d’assurer l’équité et la transparence. Ce qui va être une première pour la fonction publique, nous allons afficher les résultats avec les moyennes. Ça ne s’est jamais fait au Mali. Donc, c’est pour dire aux candidats que tout est transparent et que l’objectif c’est d’assurer l’apaisement pour que les gens comprennent que le concours n’a pas été annulé juste pour nous faire plaisir. Ça a été annulé pour qu’on ait un concours propre.

Un dernier message ?

C’est juste pour dire que les candidats doivent compter sur leurs propres efforts. Ni moi, ni le premier ministre, ni le président de la république ne pouvons faire passer un candidat à un concours de la fonction publique. C’est fini. Chaque fois qu’il  y aura des dénonciations prouvées et vérifiées nous allons annuler et ça c’est dans l’intérêt du peuple malien. Une nation ne peut se développer qu’avec des ressources de qualité.

Propos transcrits par Issa Djiguiba

 

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