Des scouts maliens lors d’un regroupement dans un village
Ce mouvement basé sur le volontariat apporte un soutien aux personnes vulnérables mais aussi aux autorités dans l’accomplissement d’activités citoyennes.
Ils sont reconnaissables à leurs foulards noués autour du cou, en harmonie avec leurs uniformes dont les couleurs et les insignes permettent de savoir de quel groupe ils appartiennent ou de quelle Région ils viennent. Ils sont les scouts ou les éclaireurs de la paix qu’on assimile à tord à des pionniers (du fait du look qu’ils partagent) mais qui s’identifient au scoutisme, un mouvement de jeunesse, créé par en 1907 par un général britannique à la retraite, Lord Robert Baden-Powell.
Il s’agit donc de jeunes volontaires qui s’investissent dans les activités citoyennes et humanitaires comme le reboisement, l’assistance aux enfants issus de familles éprouvées par la précarité et la promotion de l’excellence dans les écoles. En cette période de Covid-19, les adeptes du scoutisme sont aussi mobilisés pour la sensibilisation et la distribution de masques. Ils se mettent au service de la communauté.
Le scoutisme compte plus de 40 millions d’adeptes dans le monde. Il reste un mouvement éducatif fondé sur le bénévolat qui contribue au développement des jeunes à partir de 7 ans, notamment à réaliser leurs potentialités physiques, intellectuelles et sociales. Notre pays n’est pas encore membre du Bureau mondial du scoutisme.
Pourtant, ce mouvement suscite l’engouement d’une frange importante de jeunes dans notre pays qui sont réunis au sein de trois associations de scouts. L’Association des guides et scouts catholiques du Mali qui a vu le jour en 1994 est la plus ancienne. Quatre ans plus tard, celle des scouts laïcs sera portée sur les fonts baptismaux. Il faudra donc attendre plus d’une décennie pour voir naître l’Organisation nationale des scouts musulmans du Mali (Onasmma) en 2014. Harouna Mallé est le commissaire national de l’Association nationale des scouts laïcs du Mali, un mouvement qui compte plus de 1.000 membres, y compris 40% de femmes. Il explique avoir adhéré au scoutisme en 1996 quand il vivait en Côte d’Ivoire. Et de dire qu’à partir de ce mouvement de jeunesse, le plus complet, les jeunes peuvent se construire, s’inculquer des valeurs de civisme, de citoyenneté et de patriotisme. Les scouts maliens ont organisé en août 2019 à Sirakoro le Camp d’intégration des scouts d’Afrique (Cisa) avec la participation d’à peu près 500 membres au plan national et international.
Il donne les explications à la non adhésion de notre pays au Bureau mondial du scoutisme. Pour lui, conformément aux normes prescrites par les instances internationales du mouvement, la première condition requise est l’unification des trois associations or celle-ci peine à se concrétiser. «En décembre dernier, nous nous sommes concertés dans ce sens. L’élaboration d’un projet de textes avait été confiée à une commission composée de représentants de chacune des entités. Malheureusement, il n’en a rien été», a-t-il déploré. Selon lui, les difficultés rencontrées dans la démarche d’adhésion au Bureau mondial du scoutisme sont plutôt internes. Il justifie l’échec par le sentiment de peur de perdre leurs postes chez certains responsables une fois que l’unification effective. Il jette aussi une pierre dans le jardin du ministère de la Jeunesse et des Sports dont la réticence à aller dans ce sens compliquerait les choses.
Aboubacar Kanté, commissaire à l’international du bureau exécutif de l’Onasmma, se dit convaincu que ce mouvement prépare les jeunes à être de bons citoyens. Selon lui, la différence confessionnelle constitue un obstacle à l’unification. Il précise aussi que puisque le pays n’est pas membre du Bureau mondial, nos scouts n’ont pas le droit de participer aux votes au niveau de l’instance internationale. Une autre sanction reste la privation du pays à participer pleinement au «Jamboree», un camp mondial ou régional qui se tient tous les 4 ans et regroupe des scouts de tous les horizons. «Nous sommes reçus à titre d’observateur parce qu’on n’est pas membre du Bureau mondial et ne pouvons pas prendre part aux assemblées générales à l’issue desquelles des décisions importantes sont prises», regrette-t-il.
Sékou Oumar Coulibaly, directeur général du Centre national de promotion du volontariat (CNPV) a rappelé la nécessité et l’urgence d’unifier les associations nationales de scouts au sein d’une faitière représentative et assure que les autorités œuvrent à cela. Pour lui, avec le temps on taira les égos pour trouver un consensus. Il rappelle que son Centre reste partenaire de toutes les associations et essaye de rapprocher les positions dans la mise en place d’une structure fédératrice. «Nous leur apportons des appuis et conseils avisés. Dans les jours à venir, nous allons faciliter une réunion de concertation entre les différentes associations de scouts», estime-t-il. Le patron du CNPV explique aussi que le scoutisme a un impact positif sur le développement socio-économique du Mali en ce sens que les volontaires sont toujours engagés dans la recherche de solutions aux problèmes du pays à travers leur participation à tous les grands chantiers, notamment la lutte contre la Covid-19, la mobilisation sociale pour la solidarité avec les vulnérables durant le ramadan et l’assistance sociale aux malades hospitalisés.
Il explique la différence entre le scoutisme et le mouvement pionnier. Pour lui, le second est la nationalisation du scoutisme international après l’accession de notre pays à la souveraineté nationale. Il regrette que les scouts soient souvent évincés au profit des pionniers des activités citoyennes et réclame plus d’attention pour les scouts.
Le président de l’Association des guides et scoutes catholiques du Mali (AGSCM), Nouhoum Justin Keïta confirme lui aussi qu’après l’indépendance, le mouvement scout a été remplacé par celui des pionniers.
Les 409 volontaires de l’AGSCM, selon leur président, font des activités liées à la sensibilisation et la prévention contre le paludisme, la lutte contre les maladies et infections sexuellement transmissibles et les campagnes de construction de foyers améliorés dans les familles. Il révèle que le scoutisme a été fondé dans notre pays en 1947. Pour Sékou Oumar Coulibaly, seul un engagement volontaire et citoyen des Maliens pourrait aider notre nation à relever les nombreux défis de développement et de consolidation de la paix.
Mohamed D. DIAWARA
Source L'Essor