Investiture du président Alassane Dramane Ouattara : Des ambitions clairement annoncées

Dans son discours d’investiture, le chef de l’Etat ivoirien a instruit son Premier ministre de poursuivre le dialogue avec les partis politiques dans la perspective des élections législatives en de décrisper le climat politique

          Le président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara (ADO) a été investi, hier, à Abidjan dans ses fonctions au cours d’une audience solennelle à la présidence de la République. Il a prêté serment sur la constitution (une innovation majeure dans son pays) devant le Conseil constitutionnel qui l’a crédité de plus de 94% des suffrages exprimés lors de l’élection présidentielle du 31 octobre 2020.

         La cérémonie d’investiture a enregistré la participation d’une dizaine de chefs d’Etat et de gouvernement, dont le président de la Transition, Bah N’Daw, ses homologues Macky Sall du Sénégal, Roc Marc Christian Kaboré Kaboré du Burkina, Mahamadou Issoufi du Niger, Denis Sasssou Nguesso du Congo Brazzaville, Nana Akuf Ado du Ghana, Patrice Talon du Bénin, Georges Weah du Libéria, Faure Gnassingbé du Togo, Umaro Sissoco Embalo de la Guinée Bissau, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean- Ives Le Drian, représentant le président Emmanuel Macron. Les anciens président français, Nicolas Sarkozy et nigérian Goodluck Jonathan figuraient parmi les invités spéciaux de Alassane Dramane Ouattara.

          Premier acte fort de cette investiture. La lecture de la décision de proclamation des résultats définitifs de l’élection présidentielle par le Conseil constitutionnel en date du 9 novembre dernier. L’organe constitutionnel qui proclame les résultats définitifs de l’élection présidentielle a acté dans sa décision qu’aucune régularité majeure de nature à entacher la crédibilité de l’élection du président Alassane Dramane Ouattara n’a été constatée et que celui-ci était par conséquent réélu pour un autre quinquennat.

          Le deuxième acte de cette audience solennelle a été la prestation de serment du président ivoirien qui a récité la formule qui sied et juré devant le peuple souverain de Côte d’Ivoire de respecter les lois de son pays, de défendre l’intégrité du pays et d’incarner l’unité, entre autres. Le Conseil constitutionnel a ensuite procédé à la lecture du procès verbal et donner au président Ouattara l’attestation de son serment, avant de le renvoyer à l’exercice de ses fonctions. Il recevra le Grand collier de l’Ordre, les félicitations du Conseil constitutionnel et des ses homologues africains.

             Le président du Conseil constitutionnel a expliqué que beaucoup et même trop de sang a coulé. Pour lui cela s’explique par le fait qu’un débat fondamentalement juridique, notamment constitutionnel a quitté son champ pour aller dans un autre domaine. En termes clairs des gens qui ne disposent que de leur acte de naissance comme parchemin, selon les propos du président du Conseil constitutionnel, Mamadou Koné, en ont fait d’autres interprétations. Il également rappelé «une autre particularité du Conseil constitutionnel dont es décisions sont gravées dans du marbre, c’est que ces décisions sont exécutoires, une fois communiqué dans le journal officiel. Elles ne peuvent pas être remises en cause», selon le président de cette institution qui juge les contentieux électoraux et proclame les résultats définitifs. Pour lui, refuser de se soumettre à une décision du Conseil constitutionnel est une violence de la Constitution, notamment les articles 137 et 138.

               A la fin de l’audience solennelle d’investiture, le président Ouattara a dépeint les nouvelles ambitions qu’il nourries pour son pays. L’éducation, la formation et l’emploi des jeunes, la lutte contre la Covid-19, l’autonomisation des femmes, le développement institutionnel, la lutte contre la corruption seront au cœur de son troisième mandat.

Il explique mesurer parfaitement l’ampleur de sa charge et prend l’engagement de l’assumer pleinement au service de ses compatriotes. Pour lui, «les Ivoiriens ont fait le choix de la démocratie, de la paix et de la stabilité. Ils ont fait ce choix en dépit de toutes entraves en démontrant que les urnes doivent rester l’ultime recours pour construire un avenir plus radieux pour tous les Ivoiriens. «Cette échéance électorale nous rappelle que le respect de la Constitution est des institutions de la République sont les seuls garants de la démocratie et de la stabilité de notre pays. Il n’y a pas d’alternative à cette voie», relève le président Ivoirien. Il est aussi revenu sur la crise postélectorale de 2010 qui a fait plus de 3000 morts et rappeler la nécessité de renouer avec les valeurs léguées par le père de la Nation ivoirienne, notamment de valeur de paix, de dialogue. Il annonce la création prochaine d’un ministère dédié à la réconciliation nationale. Il a aussi souligné que l’école publique sera obligatoire pour tous les enfants de 6 à 16 ans. Il a instruit son Premier ministre de poursuivre le dialogue avec les formations politiques de son pays dans la perspective des élections législatives en vue de décrisper le climat et de réconciliation des fils et des filles de la Côte d’Ivoire.

             Quelques instants après, le président Ouattara a reçu les honneurs militaires à travers des détachements de plusieurs unités de l’Armée républicaine de la Côte d’Ivoire.

Alassane Dramane Ouattara qui rempile pour un troisième mandat de cinq ans succède à lui-même. En novembre 2010, il a remporté la victoire sur son «grand rival» et président d’alors Laurent Gbagbo) l’élection présidentielle mais n’avait pu rentrer en fonction que quelques mois après une redoutable crise postélectorale. Il a été réélu cinq plus tard pour un second mandat.

                 Du haut de ses 78 ans, le natif de Dimbokro a eu une longue et riche carrière administrative et politique. Il a travaillé au Fonds monétaire international (FMI), avant de roder ses méthodes politiques en tant que Premier ministre du président Felix Houphouët Boigny qui lui avait fait appel pour assainir les finances publiques mais surtout opérer une «relance économique à travers une politique de rigueur budgétaire». Il imposera sa vision du développement macro économique de son pays et du continent africain en général.

Brehima DOUMBIA

Source: l'Essor

 

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