Depuis le début du mois de mars 2025, la République islamique de Mauritanie procède à des reconduites aux frontières de tous les étrangers « en situation régulière » sur son territoire. Parmi ces refoulés figure un grand nombre de compatriotes maliens, environ 1 844 à la date du 26 mars 2025. Face à cette situation, les plus hautes autorités de la transition sont à pied d’œuvre pour accueillir et prendre en charge les Maliens rapatriés.
« La situation actuelle est inacceptable. Le gouvernement du Mali exprime sa vive préoccupation et son indignation face aux sévices subis par les maliens dans les opérations de rapatriement organisées par les autorités mauritaniennes », a indiqué le ministre des Maliens établis à l’extérieur et de l’Intégration africaine, Mossa Ag ATTAHER, lors de sa visite dans une zone frontalière de la Mauritanie (Kayes) en vue de s’enquérir des conditions d’accueil et de prise en charge des compatriotes maliens expulsés de ce pays voisin.
« La mission que nous effectuons aujourd’hui, sur instruction de SE, le général d’armée Assimi GOITA, président de la transition, a pour, entre autres, objectifs d’apporter le message de solidarité et de compassion du gouvernement à l’endroit de nos compatriotes qui sont victimes de ces opérations d’expulsion, de nous enquérir de leurs conditions d’accueil, d’évaluer les besoins prioritaires d’urgence avec l’ensemble des acteurs locaux », a-t-il précisé.
Il faut noter que depuis le début du mois de mars, la région de Kayes, zone frontalière de la Mauritanie, ne cesse d’accueillir les maliens rapatriés. Si le chef de l’exécutif régional, le général de brigade Moussa SOUMARE, assure avoir enregistré environ 1 200 rapatriés et 179 autres la seule matinée du 26 mars, lors du point de presse tenu sur la même question au Centre d’Information du Gouvernement du Mali (CIGMA), on note un bilan de 1 844 maliens expulsés.
Avec une grande communauté malienne dans ce pays, cette situation est en train de séparer de nombreuses familles, voire plusieurs enfants de leurs mères. C’est pourquoi, en plus des dénonciations, le ministre des Maliens établis à l’extérieur et de l’Intégration africaine a, au nom du gouvernement malien, invité les autorités mauritaniennes à la « cessation immédiate » des violences à l’endroit des ressortissants maliens. « Le gouvernement du Mali… exprime son indignation, dénonce avec la dernière rigueur les traitements subis par ses ressortissants en Mauritanie. Le gouvernement du Mali regrette les conditions d’arrestation, en violation flagrante des droits humains et des droits des migrants en particulier, invite les autorités mauritaniennes à la retenue et appelle à la cessation immédiate des violences à l’endroit des ressortissants maliens », a indiqué le ministre lors de ce point de presse.
Investi pour un accueil « digne » de tous ses compatriotes victimes de cette opération de rapatriement forcé, le ministre Ag ATTAHER a profité de sa visite à Kayes pour saluer les personnes et les structures qui, de façon volontaire, ont assisté les premiers maliens reconduits à la frontière.
Après la rencontre avec des services techniques et acteurs humanitaires, le ministre Ag ATTAHER a tenu à rassurer les victimes qu’elles ne sont pas seules dans cette épreuve. Ainsi, il a remis des enveloppes symboliques pour la prise en charge des cas d’urgence avant de souligner que « des dispositions pratiques sont prises pour accueillir dignement tous les maliens rapatriés et pour leur permettre de regagner leur famille respective en toute quiétude ».
Issa Djiguiba