Le Coordinateur national de la lutte contre la pandémie, Pr Akory Ag Iknane attire l’attention sur une situation préoccupante à laquelle il faut une réponse adéquate. À cet effet, il conseille de renforcer la surveillance au niveau des frontières et d’éviter tout relâchement dans le respect des mesures barrières
Au moment où les pays les plus contaminés par la Covid-19, notamment ceux du Nord, font face à une deuxième vague de contamination avec beaucoup de difficultés, on est aussi en droit de s’inquiéter pour notre société car on assiste présentement à une augmentation des cas confirmés de coronavirus. Dans la semaine (du 16 au 21 novembre), notre pays a enregistré 306 cas de Covid-19.
Quelle explication peut-on donner à cette fulgurance du virus de la pandémie ? Ne faudrait-il pas continuer à respecter rigoureusement les mesures barrières ? À ces interrogations, le directeur général de l’Institut national de santé publique (INSP) et coordinateur national de la lutte contre la Covid-19, Pr Akory Ag Iknane, a apporté des éléments de réponse.
Selon lui, il est trop tôt pour parler d’une reprise de l’épidémie. Mais il se veut, on ne peut plus clair sur la situation assez préoccupante qui nécessite un renforcement des mesures barrières et aussi la prise des dispositions administratives et législatives fortes.
Il juge utile de renforcer également la communication et d’imposer le respect du règlement sanitaire international. Le Pr Akory estime que cette augmentation des cas se justifie par l’ouverture de nos frontières terrestres et aériennes. «Nous avons eu beaucoup de cas importés surtout dans les mines », revèle le coordinateur national de la lutte contre la pandémie, avant de dire que le seul site de Fékola a enregistré 213 cas, soit 4,5% de l’ensemble des cas enregistrés dans notre pays. À cela, dit-il, s’ajoutent les cas communautaires liés aux grands regroupements.
Il explique aussi que la pandémie a évolué en quatre phases dans notre pays. Autrement dit, il y a eu une phase d’ascension, une phase de baisse et de descente de la courbe, une phase en plateau et une phase de remontée. La première a duré 12 semaines d’ascension jusqu’à un pic qu’on a atteint à partir de la mi-juin. Ensuite, on a enregistré une baisse de la courbe pendant 8 semaines. La troisième phase en plateau avec 8 cas par jour a duré 12 semaines. Et la 38è semaine qui représente la 4è phase est celle d’une remontée de la courbe que nous vivons présentement.
Il pense que nous pouvons y faire face si nous respectons les mesures barrières avec une forte mobilisation sociale et l’implication des médias. À la question de savoir si nous assistons à une nouvelle vague de contamination ou à une reprise de l’épidémie, le Pr Akory déclare que c’est encore trop tôt pour le dire parce qu’il faut d’abord observer. Il soutient qu’au cours de cette phase, nous avons enregistré le nombre de cas le plus élevé (76) jamais enregistré dans notre pays parce que même au moment du pic, c’était 71 cas.
«Nous pouvons casser rapidement cette courbe, si nous contrôlons les entrées dans le pays, c’est-à-dire en faisant respecter le règlement sanitaire international qui impose que tout passager qui entre ou sorte, soit muni d’un certificat Covid-19 négatif», explique le patron l’INSP. Il appréhende le cas des miniers qui ne passent pas par l’aéroport international Président Modibo Keïta-Sénou. Il pointe aussi du doigt les insuffisances dans le contrôle au niveau des frontières terrestres. Il préconise les tests rapides au contraire des tests PCR qui sont actuellement utilisés pour surveiller la maladie. Et de confirmer que notre pays vient juste de recevoir un lot de ces tests et que bientôt une stratégie sera définie pour leur utilisation.
Pour lui, il est clair qu’il faut tester un maximum de gens dans le District de Bamako pour apprécier la circulation du virus au sein de la population parce qu’il estime que la capitale, plus particulièrement les communes IV, V et VI sont les plus touchées. Une situation qui se justifie par les grands regroupements dans ces circonscriptions. Pour lui, il faut encore s’attendre à une augmentation des cas liés aux grands regroupements comme lors des funérailles de l’ancien président Amadou Toumani Touré, même avec les mesures prises.
Après Bamako, la Région de Kayes reste la plus touchée par la Covid-19, selon le coordinateur national de la lutte contre la Covid-19. Pour lui, à défaut sanctionner ceux qui ne respectent pas les gestes barrières, il faut sensibiliser et informer la population, surtout les jeunes qui se trouvent dans le déni et qui peuvent développer la maladie sans laisser apparaître des symptômes.
Concernant les vaccins contre le coronavirus, le coordinateur confie que sa cellule a reçu une correspondance de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), lui demandant si le pays est prêt à le recevoir. «Nous sommes dans cette dynamique et nous allons remplir les conditionnalités», dit-il. Pour Pr Akory Ag Iknane, quelle que soit l’efficacité de ce vaccin, il est important sur le plan international que notre pays soit dans la liste de ceux qui pourront en disposer parce qu’il a un taux de guérison de 80% et un taux de létalité de 3,4%.
Fatoumata NAPHO
Source l'essor