Produits céréaliers : tendance haussière des prix

Sur les marchés de production, les prix collectés ont augmenté de 78%, contre 81% concernant les marchés de détail

 

Labass Coulibaly est commerçant au Grand marché de Bamako. Devant son magasin situé à proximité de la Grande mosquée, des femmes tamisent différentes variétés de céréales. Visiblement insensibles à ce brouhaha qui meuble leur quotidien, certaines remplissent des sacs de graines de céréales criblées. Des vendeurs en gros et en détail, et des acheteurs négocient les prix de ces denrées. Le marchandage semble durer. Le négociant essaie, tant bien que mal, de convaincre son client d’intégrer la hausse des prix de la presque totalité des céréales.
En effet, informe Labass Coulibaly, le kilo du riz local Gambiaka qui était cédé à 340 Fcfa se vend à 360 Fcfa, soit une hausse de 10 Fcfa. Rétrocédé contre paiement de 16.500 Fcfa, il y a deux semaines, le sac de 50 kg est monnayé à 18.000 Fcfa, explique le jovial cinquantenaire, père de cinq enfants. «Vendu à 36.000 Fcfa, le prix du sac de 100 kg est stable depuis trois mois. C’est à prendre ou à laisser», insiste le commerçant.

S’adressant au client Hassane Traoré, venu sonder les prix, le magasinier Labass Coulibaly précise : «Le sac de 100 kg du super Gambiaka (tamisé), jadis cédé à 37.500 Fcfa (375 Fcfa/kg), est vendu à 40.000 Fcfa (400 Fcfa le kilo).» L’air étonné et mécontent, notre acheteur lie cette hausse brusque à la cupidité des commerçants, habitués, selon lui, à augmenter les prix à l’approche du mois de ramadan, période de grande consommation.

Comme lui, une ménagère, vendeuse de jus à base de farine de mil se dit inquiète face à cette flambée des prix. «Avant, j’achetais le sac de 100 kg à 15.000 Fcfa. Maintenant, il vaut 17.000 Fcfa», regrette notre interlocutrice âgée d’une quarantaine d’années. Préférant garder l’anonymat, elle achète deux sacs de 100 kilos de mil à raison de 17.000 Fcfa l’unité. Le maïs ne semble pas résister à cette tendance haussière des prix. Son kilo qui était cédé à 300 Fcfa, est vendu à 375 Fcfa. Le sac de 100 kg est passé de 30.000 Fcfa à 37.500 Fcfa, indique le commerçant Souleymane Camara.

VARIATIONS DE 10 À 25 FCFA LE KILO- Ces tendances haussières constatées à Bamako, confirment la tendance générale des prix des céréales à travers tout le pays. Durant la semaine allant du 25 février au 3 mars, l’Observatoire du marché agricole a constaté des fluctuations de prix, majoritairement des hausses, aussi bien sur les marchés de production que sur ceux de consommation. «Sur les marchés de production, les prix collectés cette semaine ont baissé pour seulement 22% et des hausses pour 78%. Il en est de même sur les marchés de détail, où les prix enregistrés sont des baisses pour 18% et des hausses pour 81%. Les amplitudes, les plus fréquemment observées pour les variations de prix cette semaine sont de 10 Fcfa le kilo sur les marchés de production et de 25 Fcfa le kilo sur les marchés de détail», précise l’Oma, dans un communiqué déposé à L’Essor.

Ainsi, illustre la note, les prix à la consommation, restés presque stables dans le District de Bamako comparé à la semaine dernière, ont été de 200 Fcfa le kilo pour le mil, le sorgho et le maïs, 250 pour les mil/sorgho/maïs pilés, 375 pour le riz importé brisé, les riz importés RM40 thaïlandais et vietnamien et pour le riz local Gambiaka, 450 pour le niébé et 500 Fcfa le kilo pour le fonio. Le sac de 100 kilos a coûté 14.500 Fcfa pour le sorgho, entre 16.000 et 16.500 pour le mil, 17.000 pour le maïs, entre 32.500 et 33.000 pour le riz RM40 importé, 33.000 pour le riz BB importé thaïlandais et 35.000 Fcfa pour le riz local Gambiaka (tout venant).
Dans les capitales régionales, ajoute la note, les tarifs pratiqués par les détaillants ont été à Kayes Centre de 250 Fcfa le kilo pour le mil, le sorgho et pour le maïs, 300 pour les sorgho/maïs pilés, 350 pour le riz brisé importé et pour le mil pilé, 500 pour le niébé et 600 Fcfa le kilo pour le fonio. Dans cette même Cité des rails, le sac de 100 kilos a valu 17.000 Fcfa pour le sorgho, 18.500 pour le mil et pour le maïs et 29.000 Fcfa pour le riz BB importé non parfumé.

MOYEN À BON- À Koulikoro Ba, le kilo de mil, sorgho et maïs a valu 200 Fcfa, contre 275 pour les sorgho/mais pilés et 300 Fcfa pour le mil pilé. Le kilo du riz importés brisé et RM40 local Gambiaka ont valu 375. à Sikasso Centre, le kilo de sorgho et de maïs ont coûté 175 Fcfa, 200 pour le mil, 225 pour le maïs pilé, 300 pour le riz étuvé blanc et pour le mil pilé. Les riz importés brisés et RM40 et local Gambiaka ont coûté 375 Fcfa, contre 450 le kilo de niébé et 600 Fcfa celui du fonio.
Au centre de la mythique Cité des Balanzan, les mil, sorgho et maïs ont gagné 175 Fcfa le kilo. Les kilos de mil/sorgho/maïs pilés ont coûté 250 Fcfa, contre 375 pour le riz local Gambiaka, 400 pour le niébé et 500 Fcfa pour le fonio. Les mêmes prix ont été pratiqués à Mopti Digue, à l’exception des mil et maïs (200 Fcfa), mil pilé (275) et le riz local Gambiaka (350 Fcfa).

Le kilo du paddy a mérité 153 Fcfa à Tombouctou, contre 245 pour le maïs, 260 pour le sorgho et 275 Fcfa pour le mil. à Gao, le kilo du riz BG et du niébé a gagné 130 Fcfa (comparé à Tombouctou) en s’établissant à 450 Fcfa, contre 425 pour le riz local Gambiaka. Les prix y ont été de 225 Fcfa le kilo pour le maïs, 250 pour le sorgho et le maïs pilé, 275 pour le mil, 300 pour les mil/sorgho pilés et 700 Fcfa le kilo pour le fonio.
Cette propension haussière des prix s’explique par plusieurs facteurs, analyse l’Oma. En la matière, l’Observatoire pointe du doigt «la fin imminente des opérations de récoltes céréalières, la persistance de l’insécurité et des conflits communautaires en plusieurs endroits des régions de Mopti et du Nord. Selon l’Oma, ces tensions perturbent encore les activités commerciales et de récoltes dans certaines zones de l’Office du Niger.
Toutefois, l’état d’approvisionnement des marchés varie de moyen à bon. Ainsi, les offres céréalières sur les marchés arrivent à satisfaire les besoins de consommation à travers le pays, rassure l’Observatoire du marché agricole.


Fadi CISSÉ

Source l'essor